Bonjour à tous,
Aujourd’hui on va parler de moi. Pas le sujet le plus intéressant, mais déjà c’est la période des bilans relous. Je sais pas trop si ça intéresse des gens abonnés, mais je sais que j’ai parfois quelques questions.
Si tu t’en fous de savoir pourquoi je raconte des conneries sur internet, les chiffres que ça fait et ce que ça me rapporte, te désabonne pas, mais attends la newsletter suivante, celle-là est pas pour toi. 😇
Ce bilan, je le voulais pour ceux qui me suivent, parce que je sais que plusieurs sont adeptes de build-in-public, et j’aime l’idée. Mais j’aime surtout l’idée de vrais chiffres, idéalement conclusifs, et pas uniquement ceux qui arrangent.
Mais en vrai je le voulais aussi pour moi. Parce que c’est une manière de voir ce qui a marché, ce qui n’a pas marché, et comment améliorer tout ça.
Et si, en plus, ça peut servir à quelqu’un…
🧳 Mon compte LinkedIn
Certains le savent, mais j’ai été blogueur pendant presque 15 ans, principalement en cinéma et musique.
Je n’avais aucune stratégie particulière à part raconter des trucs que je voulais raconter. C’est comme ça que j’ai rencontré la quasi-totalité de mes clients. Et ce que j’ai remarqué c’est qu’avoir des articles “biz” avait un impact. Souvent plus que parler d’œuvres culturelles.
C’est comme ça que j’ai compris que le meilleur moyen d’adresser une cible quand tu es freelance, c’est pas d’expliquer à quel point tu es bon, ou parler de ton métier, mais parler de celui de tes clients.
D’où ma stratégie éditoriale sur LinkedIn depuis mai.
Mon second élément, c’était de trouver une manière différente et remarquable (au sens premier) de m’exprimer. D’où mon ton (qui n’est pas inventé, je parle et suis vraiment comme ça) et l’approche visuelle où je voulais quelque chose de marquant, tout en ayant un titre type Libé. J’ai expliqué cette démarche dans un ancien post.
Pourquoi mai ? Parce que c’est le moment où j’ai créé mon entreprise pour redevenir freelance multiclients. J’avais donc un premier sujet d’acquisition. Mais surtout un besoin de vérifier quelque chose.
Depuis 2 ans, LinkedIn est redevenu un sujet pour les entreprises, notamment en B2B, et j’ai eu plusieurs demandes de personnes qui souhaitaient un accompagnement. Sauf que voilà, LinkedIn est aussi le royaume du bullshit qui cause de selfies, de maladies et autres 10K€ / mois. Et c’est pas ce que j’avais envie d’écrire ou de proposer.
Alors ma question était : est-il possible d’exister sur LinkedIn sans parler de TDI-turbo-HPI, de faire l’éloge du néocolonialisme à Bali ou de vendre des formations pétées ?
Donc j’ai testé. Et la réponse est : oui.
Y’a des gens intelligents pour lire des contenus intelligents.
Et c’est seulement après avoir eu cette réponse que j’ai commencé à inclure cette prestation dans mes activités de conseil et de création de contenus.
La conséquence, c’est que c’est aussi devenu la quasi-totalité des demandes que j’ai reçue pour mon entreprise, j’y reviendrai.
Quelques chiffres sur 2023
- 378 publications
- 181 likes en moyenne
- 92’579 engagements
- 13’342’494 impressions
Quelques enseignements
Sur le reach
Le reach ne baisse pas. Son calcul a changé mi-2023, mais globalement non seulement il ne baisse pas, mais en plus LinkedIn a décidé de mettre en avant les créateurs individuels de contenus.
L’algo change, mais LinkedIn n’a AUCUN intérêt à sanctionner les créateurs. Il faut comprendre qu’une page social media, c’est une suite de boites. Chaque boite c’est un contenu, qui peut être une pub, une page, un profil, etc. Le rôle de la plateforme c’est d‘afficher les meilleurs contenus pour toi, pour que tu restes. Plus tu restes longtemps, puis il y a des boites. Plus il y a de gens qui se connectent, plus il y a de boites.
Par contre, plus il y a de gens qui postent, et moins il y a de places, s’il y a toujours autant de boites. Et donc le reach peut baisser mécaniquement pour ceux qui ne sont pas mis en avant.
Le but ? Être le contenu que LinkedIn a envie de mettre dans les boites.
Sur les likes
Le taux d’engagement n’est pas significatif sur LinkedIn. Historiquement il était inférieur à 1% (1 like pour 100 impressions). Les algos testaient un contenu, et en fonction des likes et des engagements, ils diffusaient plus largement, ou non.
Mais LinkedIn met un poids TRÈS fort à un engagement invisible : le temps de lecture.
En regardant mes statistiques, il apparait quelque chose d’assez étonnant. Sur mes 10 plus grosses publications de 2023 en impressions, 8 parlent d’immo ou de finance. C’est celles qui ont le taux d’engagement le plus faible.
- Luko (1ere publication) – 942K impression – 3K likes
- WeWork (1ere publication) – 695K – 4,7K
- Chute SCPI (1ere publication) – 449K – 1,7K
- Délit d’initié SVB – 304K – 1,3K
- Si vous travaillez dur… – 276K – 2,4K
- Chute SVB – 245K – 1,3K
- Crise SCPI – 239K – 0,8K
- Cigarette électronique – 229K – 1,6K
- Amundi/BNP SCPI – 187K – 0,7K
- La rentabilité – 170K – 1,1K
Il est assez flagrant de voir que le classement des impressions n’est pas celui des likes.
En réalité, plus le sujet est “B2B” et “sensible” plus le taux d’engagement semble être faible, malgré une forte diffusion en impression. C’est flagrant sur tous mes posts liés aux SCPI, mais également à la plupart des publications liées à des analyses de startup ou immo, comme si beaucoup lisaient sans réagir. Soit parce qu’ils ne sont pas d’accord, soit parce qu’ils ne veulent pas que ça se voie.
À l’opposé, une créatrice de contenus, parmi les plus grosses audiences françaises, indiquait à la rentrée 2023 avoir fait autour de 100K€ de CA malgré plusieurs dizaines de millions d’impressions avec des taux d’engagement supérieurs à 2%.
On peut donc se rassurer en disant qu’on a encore la preuve que les likes ne remplissent pas le frigo !
Le recyclage
Après avoir publié plus de 300 fois, j’ai accumulé un gros stock de contenus. À plusieurs reprises, j’ai republié, parfois sans même le changer, un contenu qui avait plus de 6 mois.
Personne ne m’a fait de remarque à l’exception d’un contenu où j’ai reçu quatre messages pour me dire que je l’avais déjà publié.
C’est un contenu que j’avais publié en décembre 2022 et que j’ai republié en novembre 2023. Il avait visiblement marqué ces quatre personnes pour qu’elles s’en rappellent un an après, ce qui peut s’expliquer par la mise en avant d’une histoire un peu plus personnelle, et d’une série pas très connue.
Le post est passé de 138 likes, 29 commentaires et 23 297 impressions à 337 likes, 86 commentaires et 22 411 impressions.
Et c’est le cas de toutes mes republications.
En moyenne, le nombre d’interactions est 2 fois supérieur.
Ces republications sont systématiquement signalés par un #rediff en fin de post.
Mes enseignements
- 5 publications / semaine, c’est beaucoup de travail. Mais une fois lancé, une journée sans post est vécue comme un échec.
- LinkedIn me prend 5 à 10H / semaine en création de contenus et animation.
- Ceux qui disent se foutre des stats mentent. J’ai jamais vu un seul client, artiste ou créateur se foutre des stats de ses publications. Et c’est ok. Ça peut pas être le seul driver, mais ça reste un indicateur.
- Le succès d’une publication se joue dès la première heure, voire la première demi-heure. Quand je visais 10K impressions / publications, je savais qu’il fallait autour de 400 impressions en 30 minutes, et 1000 après 1H. En prenant la température, je savais estimer rapidement si la publication fonctionnerait ou pas.
- On peut avoir une audience sans selfie et sans raconter sa vie.
- Raconter sa vie et faire des selfies amène des audiences que tu tentes de faire rêver pour vendre une solution pour faire comme toi. Ça ne marche jamais en dehors.
- Faire vivre un compte, c’est pas uniquement publier, c’est autour parler avec les autres. C’est un réseau social.
- La réussite d’un contenu c’est un tiers l’accroche, un tiers le visuel, un tiers le contenu.
Les republications sont un gros gain de temps et ne posent aucun problème.
Mes stats
📭 Ma newsletter : ZeroBullshit
Je l’avais déjà raconté, mais j’ai lancé cette newsletter pour pouvoir écrire plus longuement que sur LinkedIn qui impose une limite de caractères, et où je m’impose un format plus adapté à la plateforme.
ZeroBullshit était donc initialement une manière de raconter des histoires longues, avant de devenir une sorte de protomédia. J’ai été qualifié d’Orange Rouge ou d’Elise Lucet de l’immo, pour ne citer que les expressions que j’ai trouvé cool. Les termes “gros connard prétencieux imbu de lui même” sorti par un journaliste d’un média pro me paraissaient moins vendeurs 😅.
Les +
- Les contenus qui m’ont pris le plus de temps et que j’ai le plus travaillés sont globalement ceux qui ont le mieux marché. Je pense que c’est spécifique aux cibles B2B qui savent valoriser un sujet pointu.
- Malgré ses stats somme toute faibles, ZeroBullshit a un petit impact dans l’écosystème où j’évolue. C’est amusant, et ça fait du bien à l’égo. Le SMS le plus drôle que j’ai reçu le mois dernier était celui-ci :
Les –
- Un format extrêmement chronophage. Une newsletter c’est entre 8 et 36H de travail, ce qui n’est pas tenable ni rentable sur la durée. Pas rentable parce que les revenus ne sont pas très élevés, mais surtout parce que ça ne m’apporte pas plus de business que LinkedIn.
- Mes deux contenus les moins lus (Banque Courtois, Titanic) sont mes préférés. Parce que j’ai beaucoup travaillé sur l’histoire et parce que je les trouve intéressants. Et pour une fois : positifs. Mais c’est pas le positivisme qui marche.
Mes enseignements
- L’expertise perçue a une limite. Elle n’est proportionnelle ni à la qualité des contenus ni à la perception des lecteurs. C’est plutôt binaire, en réalité.
- Ne pas donner des objectifs sans avoir mesuré la capacité à les attendre. Cette newsletter n’a pas vocation à être hebdo.
- Ne pas faire de ce qui n’est pas obligation une contrainte. ZeroBullshit doit rester un truc qui m’amuse sinon ça ne peut pas fonctionner.
Les liens
🤑Mon entreprise : Kensington
On finit par l’objectif, évidemment : bouffer. Avec Kensington je fais du conseil en communication. J’ai des entreprises ou des personnes à définir leur positionnement, leurs messages, et les contenus pour les diffuser. Ça parait un peu abstrait, mais en gros c’est raconter des histoires en contenus.
J’ai vraiment lancé l’activité en juin 2023 et j’ai connu un très gros doute quelques semaines après mon lancement, suite à un harcèlement assez violent sur LinkedIn (true story).
Je finis l’année avec 75K€ de CA en 6 mois, ce qui est plutôt cool si j’arrive à le stabiliser. D’autant que, comme je l’avais expliqué, je bénéficie encore des allocations chômage (certes réduites), ce qui m’a permis de prendre un peu plus de risque sur la prise de prestataire et d’une alternante. L’objectif est de sortir des ARE fin juin, et donc de stabiliser un CA mensuel autour de 15K€.
Quelques chiffres :
- 74’667€ de CA HT
- 39’770 HT de charges (dont du matériel information)
- 2 prestas à temps partiel, 1 presta régulier
- 1 alternante
- 5461€ d’IS, qui devrait tomber à sous les 2000€ suite à mon déménagement en zone franche
Sur le business :
- 91 sollicitations
- 42 RDV
- 34 propositions
- 17 clients signés
Mes enseignements
- Tout le monde n’est pas fait pour le full remote. J’ai pris une personne à temps plein pour m’accompagner. Elle ne savait pas travailler sans un cadre “physique”. Et je ne sais pas non plus manager quelqu’un de manière très précise. Le full remote doit correspond au travailleur et à son manager.
- Ne pas négocier mon tarif. C’est normal de faire évoluer le scope, ou de vouloir ajouter une petite ligne en fonction de son besoin. Par contre, à chaque fois que je suis entré dans des négos tarifaires, ça s’est mal passé par la suite. En réalité, je le savais déjà avant, mais ça me l’a confirmé une nouvelle fois.
- Ne pas chercher un moi bis. Initialement je cherchais quelqu’un qui puisse faire pareil que moi, et que je pourrais former pour produire comme moi. Je n’ai pas trouvé, et c’est en réalité une erreur. Mon alternante travaille aujourd’hui sur des sujets qui supportent l’activité et qui me font gagner du temps. Et des prestataires viennent me compléter. Mais mon cœur de métier doit rester sur moi, même si, du coup, ça donne un plafond de verre à l’activité.
- Déléguer vraiment. C’est le truc que j’arrive le moins bien à faire, parce que j’aime tout contrôler et tout vérifier, au point d’y passer plus de temps que si je l’avais fait. Quand certains disent “perfectionniste” quand on leur demande leur pire défaut, parce que c’est la bonne réponse, c’est réellement un défaut quand on l’e subit au quotidien. Faire le deuil de l’imparfait n’est pas une mince affaire. Mais trouver quelqu’un qui comprend mon fonctionnement et sait gérer l’administratif et le quotidien a clairement soulagé mon travail !
- Anticiper les trous d’air. Près d’un client sur deux signe un devis, mais ne tient pas les délais. Parce qu’il pense pouvoir laisser son projet, mais qu’il n’a plus le temps. Parce qu’il voulait 5 contenus, mais qu’il ne peut en valider en 3. Parce qu’il n’a plus le temps pour le temps. Le problème c’est que j’avais compté cette ligne dans mon budget, et ce temps aussi. Donc si elle se décale, en réalité c’est un créneau de 3, 4, 5000€ perdu dans le mois. C’est clairement un des enjeux de 2024, que je n’ai toujours pas résolu après 6 mois.
- Kiffer la vibe. Ouais c’est un peu con dit comme ça, mais relancer une activité, avec un positionnement aussi précis et en disant autant de conneries sur internet, c’est pas toujours simple. C’est parfois stressant, souvent fatigant, et quoi qu’en disent les gourous d’internet, les journées 9H-2H 7j/7 pendant des mois, c’est pas tenable. C’était nécessaire au lancement, mais ça doit revenir à la normale. L’objectif de 2024, c’est d’avoir des horaires à peu près normales et de ne pas travailler trop le week-end (genre ne pas écrire cette newsletter un 31 décembre au bureau à 17H01)
⚡️And so what?
Donc comme tous les autres, ô surprise, 2023 aura été une année avec du positif et du négatif. Personne s’y attendait hein ? 😅
Nan en vrai c’était cool, et merci à ceux qui me lisent parce que finalement c’est quand même grâce à ça que je trouve des clients.
Et comme si on était aux Oscar du Bullshit (rigolez pas, ça arrive bientôt), j’en profite pour remercier Gregory, Nadim, Guy, Sylvain, Romain, Giovanni et Kevin pour leur soutien dans le lancement de mon activité.
Mais également Christophe, Anaïs, Julien, Arnaud, Kevin, Mark et Gabriel pour leur adhésion au Comité Anti-Bullshit, ainsi que les 15 autres abonnés à l’année à cette newsletter, de même que les 22 autres (ex-)abonnés mensuellement. Certes l’adhésion n’apporte rien, mais c’est sympa 🙂
Et plus largement à tous ceux qui m’ont envoyé un message sympa pour dire qu’ils aimaient bien me lire. Si vous voulez tout savoir, j’en fais une capture d’écran pour les mettre dans une page Notion que je lis pendant les mauvais jours 😅
Enfin pour bien commencer l’année, je vais prendre la même bonne résolution que tous les ans : ne pas prendre de bonne résolution pour éviter de s’autodécevoir.
Je vous adresse à tous mes meilleurs vœux pour 2024 que j’espère dénués au maximum de bullshit !