Alors que Société Générale (devenue SG) a débuté sa fusion avec Crédit du Nord au 1er janvier, la Banque Courtois, créée en 1760 s’apprête à disparaitre. Retour sur 263 ans d’histoire !
Bonjour à tous,
c’est une sacrée semaine qui se termine.
- Deux SCPI La Française baissent leur prix de part… tandis que 2 anciens de La Française lancent la 1ere SCPI de Altarea
- Altarea qui avait renoncé le rachat de Primonial qui tarde à annoncer la baisse des prix de parts de Primopierre et Patrimo Commerce…
- …au point que Perial devrait annoncer ses baisses avant pour 3 ou 4 SCPI aujourd’hui avant Primonial (qui pourrait suivre)
- Outre-Rhin, Chrichri d’Amour nous a remonté ses taux à 4% jeudi alors qu’on n’avait pas fini de prendre le café
- Tandis que Nice Matin nous gratifie d’un article où un mec explique que sa maison vaut 585K€, mais que personne veut l’acheter au prix du marché. Va vraiment falloir expliquer à scs gens que si personne n’achète, c’est que y’a pas de marché 😅
Et vu que l’actu m’inspirait pas trop, j’ai décidé de revenir un peu en arrière.
Il y a quelques semaines, j’ai lu un document de SoGé sur sa fusion avec Crédit du Nord, et j’avais vu passer le nom de Banque Courtois, une filiale du Sud Ouest qui avait gardé sa marque. Après une rapide recherche, j’ai découvert que celle qui venait d’être radiée du registre du commerce était la plus ancienne banque française. Et de loin.
Plongée dans une aventure de 250 ans d’histoire des banques françaises.
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Né un 15 avril
Comme toute bonne histoire, celle-ci commence un lundi, quelque part entre Toulouse et l’Andorre. Nous sommes le 15 avril 1743, à Saverdun.
François Courtois et Jeanne de Maysonnade de Larlenque accueillent leur 1er fils, quelques semaines après la mort de leur fille Judith, 4 ans.
Lui, est issu de la bourgeoisie locale. Ses ancêtres protestants ont été persécutés lors de la révocation de l’Édit de Nantes. Son ancêtre le plus illustre, Jean Courtois, droguiste, fut plusieurs fois capitoul de Toulouse, c’est à dire 1er magistrat de la ville, entre 1529 et 1551. Tout comme son fils, Jean (aussi), banquier et co-seigneur d’Issus.
Elle, huguenote, descend d’une des familles les plus respectées du comté de Foix depuis au moins deux siècles. Son grand-père était noble : écuyer, sieur de Larlenque, il avait été lieutenant et capitaine dans l’armée. Son arrière-grand-père était un proche de Jean Calvin.
L’enfant s’appellera Isaac, comme le père de Jeanne.

La start-up nation
En 1760, Isaac Courtois a 17 ans quand il ouvre la maison de banque Courtois et Serres au 7 rue des Paradoux à Toulouse, avec un associé dont il n’est rien resté.
Son installation se fait sur fond de l’affaire Calas, du nom de ce fils de marchand d‘étoffes, retrouvé étranglé dans sa maison. Le père est accusé d’avoir tué son fils qu’il aurait suspecté de vouloir se convertir au catholicisme. Calas sera supplicié en place publique en 1762 avant que Voltaire ne milite pour sa réhabilitation en 1763.
L’affaire touche de près Courtois parce qu’elle ébranle tout le millier du textile toulousain dont il est proche et l’un des principaux partenaires. Également parce qu’elle prend place dans un contexte d’hostilité aux protestants. Mais surtout parce que le cousin d’Isaac, Jean-Pierre Cazeing, proche est Calas, est l’un des premiers sur les lieux du crime.
C’est d’ailleurs ce cousin qui va initier Isaac à ce qu’est une banque en 1769 en le faisant entrer en tant que commis à la Banque Cazeing, où il deviendra associé.
La naissance d’une fintech
En 1773, Serres quitte l’entreprise qui devient Courtois et Cie., négociants, permettant de s’associer à son frère Jacques, devenu marchand. L’entreprise déménage de 200m au 6 rue des Couteliers, à deux pas du Capitole.
Tout juste 100 ans après la publication du Code Savary par le contrôleur général Colvert, Courtois l’utilise habilement pour mettre en place des mandats, qui ressemblent à ce qui deviendra le chèque. De même, il rend possible le paiement de facture de ses clients directement au guichet. Il est également l’un des premiers banquiers à autoriser le découvert à ses clients.
À cette époque, le sud-ouest est particulièrement sous-développé par rapport au reste de la France et les avoirs des clients de Courtois sont faibles. D’ailleurs, ces activités ne représentant que 30%, Isaac préférant se concentrer sur les entreprises.
Plutôt prudent, Isaac n’investit par sur les marchés des capitaux à long terme (l’équivalent de titres boursiers et d’obligations de l’époque), à l’inverse de nombre de banquiers protestants de l’époque. Qui feront d’ailleurs fortune avec.
Il entend parler de l’escompte client en Angleterre, et met en place des avances temporaires sur les factures à venir, contre un gage sur les marchandises (l’ancêtre des warrants sur les magasins généraux). Pour se faire, il achète un entrepôt pour y nantir les marchandises, au taux de 0,5% + commission.
Isaac apporte également de la liquidité sur le marché local : il achète des lettres de gages à des négociants qui eux même achètent à crédit des produits de fournisseurs, notamment dans le textile. La force de la banque, c’est la confiance avec ses clients : et ça fonctionne.
Isaac et Français auront deux fils, en 1775 et 1783, mais c’est François (dit Louis), le plus âgé qui va prendre la banque familiale.

Et viva la révolution !
Alors que Louis arrive à la tête de la banque, Louis XVI signe l’Édit de Versailles, permettant aux protestants d’être reconnus à l’état civil. Un texte soufflé par Étienne-Charles de Loménie de Brienne, alors archevêque de Toulouse, également fin connaisseur des finances de l’État.
D’un côté on retrouve Charles-Alexandre de Calonne, contrôleurs des finances, qui stimule la spéculation financière afin de faire entrer de l’argent dans les caisses royales. De l’autre des interventionnistes comme Loménie qui veulent réguler, et surtout décentraliser la finance en dehors de Paris. Au milieu : Mirabeau, le 1er blogueur finance de l’Histoire !
Une situation qui convient bien à Louis Courtois qui, comme son père, se tient loin des marchés cotés, leur préférant le financement de l’économie locale, alors que la Révolution débute. On ne saura quasiment rien de la vie de la banque à cette époque.
En 1803, Louis se marie avec Elizabeth Nichols, une évangéliste anglicane britannique, réputée proche du député William Wilberforce. Viendront alors 3 enfants : George (dit Franck), Charles (dit Armand) et Louis (dit Louis, ouf).
Les 3 frères
L’arrivée de Napoléon rassure les Protestants. La loi du 18 Germinal An X (8 avril 1802) rétablit la liberté de culte. Mais à Nîmes des vagues de violences contre les protestants ont lieu pendant la Terreur Blanche de 1815 sous le régime de Louis XVIII.

C’est à cette époque que les Courtois font la connaissance de David-César Chabrand, pasteur fils d’un marchand qu’ils connaissent. Chabrand, avec l’appui du Roi (il lui accordera la fleur de lys), réorganise l’Église réformée de Toulouse. Ensemble, ils fondent la Société des Traités Religieux en 1820, une maison d’édition.
Très impliqués dans la vie de l’Église, dont ils seront diacres et membres du consistoire, ils deviennent aumôniers dans des prisons et hôpitaux, puis fondent une maison de santé pour vieillards ainsi que l’Institut d’orphelins de Saverdun.
Parfaitement anglophone grâce à leur mère, le trio a ses entrées à Earl Street, le siège londonien de la très puissante British and Foreign Bible Society. Ils auraient pu décider de se répartir les métiers de pasteur, banquier et éditeur : mais non, ils feront chacun les trois !
Louis hésite à confier la banque à ses fils qui passent le début des années 1830’s à colporter la parole protestante. Ils embauchent des prosélytes, mais comme ils ne sont pas assez nombreux, ils trouvent un accord avec des colporteurs de bibliothèque. Et ils ont un argument de force : l’argent. Entre 1831 et 1837, ils répandent plus de 60’000 Bibles et Nouveaux Testaments !
En 1836, Armand se marie à Clairac avec Marthe de Viçose. Descendante d’une famille de huguenots qui s’est établie entre Bordeaux et Montauban dont l’arrivée semble dater du XVIe siècle, quand Michel de Viçose, médecin, soldat et financier portugais, devient trésorier d’Henri IV en Guyenne. Son fils deviendra secrétaire du Roi et s’illustrera lors de la bataille d’Ivry : Henri IV lui décernera son fameux panache blanc.
Cette union qui va sceller le nom d’une dynastie : les Courtois de Viçose.
À peine un mois plus tard, le père meurt, obligeant les frères à revenir dans la banque qui reste la plus importante de la ville, notamment à travers le financement de l’industrie du textile.
Pendant ce temps a lieu la révolution industrielle. Dans L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, qui paraîtra en 1905, Max Weber expliquera longuement le lien entre la réforme protestante et la révolution industrielle. Les sociologues passeront tout le XXe à essayer de lui donner tort. Reste qu’à Toulouse, comme dans tout le Languedoc : il ne se passe rien. Seules la chimie et les armes semblent encore vaguement porter l’économie locale, d’une région éloignée de toutes les décisions nationales.
Les frères continuent d’élargir la clientèle, en allant bien au-delà du textile. C’est évidemment le début de la distribution et des épiceries, et donc une belle opportunité de financer les marchands de gros et demi gros.
Mais la banque participe également au financement des grands changements de la ville, comme la gare de Matabiau, ouverte quelques années après la fin des travaux de la place du Capitole. Toulouse suit le modèle des transformations qu’est en train de modeler le baron Haussmann à Paris, en perçant de grandes artères, ou en remplaçant les remparts par des boulevards, signant la fin du moyen-âge.
Un fauteuil pour deux
Les 3 frères ont eu deux héritiers potentiels (les filles n’étaient évidemment pas éligibles) :
- Paul Frank Courtois De Viçose, dit Frank (c’est une sacrée manie dans cette famille de pas utiliser son prénom) ;
- Henri François Louis Courtois, dit Henri
Louis meurt en 1864, Armand en 1865 et Frank en 1871, laissant les cousins seuls en scène. Poursuivant la tradition familiale, ils financent le tissu entrepreneurial local. Paul-Frank est plutôt en charge des entreprises, et Henri des placements en valeurs mobilières et immobiliers. Sa fortune de l’époque est estimée à 4-5M frs, gigantesque pour l’époque.
Figure discrète mais influente, Paul-Frank a exercé à Paris dans le secteur bancaire, et entre dans les hautes sphères de décision locale (président de la Chambre de commerce, administration de la Caisse d’épargne de Toulouse), jusqu’à devenir conseiller municipal.
Acteur majeur de la vie toulousaine, fier protestant et bonapartiste convaincu, il sait que l’industrie est essentielle à la survie du territoire, et donc à la sienne, et finance le peu qui y est implanté ; dont la Société métallurgique de l’Ariège, qui existe toujours. C’est également le développement des premiers chemins de fer régionaux, qu’il participe à financer afin de dynamiser la région.
Paul-Frank se marie une première fois avec Isabelle Harvey en 1866, puis en seconde noce en 1877 avec Gabrielle Rey. De la première union naissent Armand, Frank et Louis (ils ont vraiment pas d’idée pour les prénoms…).
Le 1er va peu à peu rejoindre la banque Courtois dans les affaires quotidiennes tandis que son frère fera carrière dans l’armée, tout en était un influent membre du conseil de la Fédération Protestante de France… en charge des finances. Louis rejoindra la banque plus tard.
Ensemble, ils aident Courtois à traverser la Grande Dépression débutée après le krach bousier de mai 1873. Alors que les premières banques naissent (Crédit Lyonnais 1863, Société Générale 1864, Paribas 1872) et ouvrent des agences un peu partout, le duo de cousins se concentre sur son métier : l’escompte local.
Pour Paul-Frank, l’avenir du métier d’escompteur n’est pas celui d’une banque de dépôt, mais d’un établissement de crédit et d’investissement. Il refuse les clients particuliers et développe les papiers courts.

Les sentiers de la gloire
Alors que des Alsaciens se réunissent pour fonder la première caisse du Crédit Mutuel en 1882 l’Union générale, banque lyonnaise parmi les plus importantes en France, fait faillite. Sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi (encore aujourd’hui) tous les marchés s’effondrent et amènent une longue récession de presque 10 ans. Un quart des courtiers font faillite et la bourse n’est sauvée que grâce à l’intervention de Banque de France.
De l’autre côté de la ville, Henri Germain, banquier et fondateur du Crédit Lyonnais échappe complètement à cette crise grâce à une doctrine qui portera son nom.
L’idée ? Encadrer tout ce petit monde, et de faire en sorte que les risques pris par les banques soient cantonnés à des filiales où il n’y a pas de dépôts. C’est le principe de séparation entre banque de dépôt et banque d’investissement, Rubicon que ne voulait pas franchir Frank Courtois. Germain souhaite également obliger les banques à garder une partie des liquidités déposées par les clients, ce qui deviendra la réserve obligatoire.
Cette réglementation ne plaît guère aux banques qui commencent à se gaver sur les dépôts. Mais sa réflexion sur une monnaie scripturale, purement comptable, qui permettait d’utiliser des guichets locaux pour collecter de l’épargne, et l’utiliser sans transfert physique, c’est une aubaine pour les grandes banques. Fondées loin du sud-ouest natal de Courtois, elles se développent rapidement et pour ouvrir des centaines de guichets à travers le territoire.
C’est aussi le début des grosses opérations de M&A. Le Comptoir national d’escompte de Paris (ancêtre de BNP) rachète coup sur coup Lafargue, concurrent bordelais, mais surtout Ozenne, concurrent toulousain direct.
Frank et ses fils sont clairvoyants et savent qu’ils n’ont que 3 options : mourir à cause de la concurrence, se faire racheter par la concurrence, ou trouver une niche de clients.
Ça sera la 3e solution : la gestion de fortunes.
Le loup de Toulouse
En 1903, les Courtois créent une structure afin de faciliter la transmission de l’entreprise. La banque refuse toujours les dépôts, ce qui la force à travailler avec les 4-5M frs., investis par la famille. Quand le père meurt en 1905, Armand est seul à bord, avant de faire entrer son frère dans une société dont la surface financière représente 3M frs.
Courtois s’appuie sur une douzaine de banques locales pour relayer son activité de papier à escompte, et commencer à structurer une offre pour les dépôts des entrepreneurs qu’elle finance.
À l’approche de la Première Guerre mondiale, la banque Courtois fait figure de réussite : plus grosse banque toulousaine elle est aussi la plus stable et la plus rentable, symbole de la révolution bancaire. Mais une 2e révolution bancaire est déjà en marche de l’autre côté de la France, celle du drainage de l’épargne par des banques à la croissance gigantesque, qui se servent des fonds pour financer le développement économique.
Une révolution que refuse la banque Courtois.

Il y a de l’orage dans l’air et pourtant
Pendant la guerre, Louis est blessé à Verdun. Avec Armand, ils décident de restructurer l’entreprise. En 1919, ils transforment la banque Courtois en SA au capital de 7M frs, dont 2M d’apport personnel, et le reste issus d’une centaine de relations dans la bourgeoisie locale, qui vont également apporter des clients. La banque s’installe dans l’hôtel Capus au 33 rue des Charles-de-Rémusat, qui restera le siège du groupe jusqu’à la fin.
Armand est président, Louis administrateur délégué. Ils recrutent un ancien de la Société Générale locale. Mais face à la concurrence, ils voient plus grand, et lèvent 3M frs supplémentaires. Même la Banque de France s’interroge : les frères peuvent-ils assumer ce changement d’échelle ?
Pendant une dizaine d’années, la banque Courtois ouvre des dizaines d’agences et absorbe la quasi-totalité des maisons d’escompte du coin. Mais l’économie locale va mal : elle a été dopée artificiellement par d’énormes commandes textiles pendant la guerre. Ceux qui ont fait fortune sont euphoriques et veulent dépenser à tout va : mais Courtois ne peut pas suivre face à cette croissance trop forte. D’autant qu’elle subit de nombreux impayés d’entreprises qui ont trop investi dans du matériel de production pendant la guerre.
À plusieurs reprises, la banque doit se faire refinancer auprès de la Banque de l’Union Parisienne qui va finalement entrer au capital, ce qui lui permet d’éviter de demander l’aide de la Banque de France.
Armand finit par se retirer des activités quotidiennes et laisse tout pouvoir à Louis. Il vire l’ancien directeur et débauche un responsable du Crédit lyonnais. Selon un rapport de la banque de France, c’est en réalité le nouveau directeur qui gère tout, Louis se contentant d’assurer le réseau mondain local. On le voit souvent aux matchs du Stade toulousain, club dirigé par son frère depuis 1910.
La crise de 1929 ne va pas épargner Courtois. En 3 ans, la banque perd 44% de ses dépôts et doit se faire refinancer. Son dernier concurrent historique, Klehe, est absorbé par le CIC. Mais Courtois résiste grâce à son positionnement de niche et traverse finalement les années 1930’s. Quand Franck meurt en 1931, Courtois gère environ 26M frs donc 20M à Toulouse.
La banque traverse une nouvelle guerre. Louis abrite des juifs au sein de la banque Courtois, comme son père avait accueilli des dominicains.
L’étoile du nord
Après la guerre, Louis s’associe avec ses deux fils, Axel (né en 1936) et Jean-Louis (né en 1948), qui vont prendre la suite et continuer la tradition de financement.
La banque participe à la création de la société locale de transport en commun, la Semvat, et finance plusieurs fonds d’investissements régionaux. Elle investit également dans la télévision locale, dont Axel sera le premier président. En 1988, Courtois signe un accord de collaboration avec le CNRS pour financer la recherche sur le territoire.
Mais la 2e révolution bancaire fait son œuvre et l’ultra concentration des banques, combinée à un contexte économique complexe, obligeant Axel à vendre la banque familiale au Crédit du Nord en 1992. Cela permet à Courtois d’étendre son réseau en Midi-Pyrénées et en Languedoc-Roussillon. Une dynamique positive qui lui permet de racheter la Banque des Pyrénées en 1996.
Mais l’année suivante, le Crédit du Nord est racheté par la société du groupe, même si l’identité et l’autonomie sont conservées.
Courtois en profite pour continuer son expansion en Aquitaine grâce à des cessions d’agence par Crédit du Nord jusqu’à ouvrir 21 agences en 2001, puis récupérer plus tard les agences de la Société marseillaise de crédit, rachetée par Crédit du Nord. Elle compte alors 84 agences sur 13 départements.
Un petite vie de filiale qu’elle va vivre pendant 20 ans. Fin 2020, la Société Générale annonce l’absorption de la maque Crédit du Nord, et le 1er janvier 2023, tout le monde devenir SG. Une opération qui aboutira fin 2025.
La Banque Courtois est radiée du registre du commerce le 16 mars 2023, laissant Hélène Sauvan comme dernière dirigeante. Une aventure de 263 ans s’achève.

Et maintenant ?
C’est désormais la Caisse d’Épargne, créée en 1818 qui fait office de doyenne des banques avec ses 205 années au compteur. Mais au-delà de l’anecdote, c’est surtout la fin des banques locales.
Le Crédit Mutuel vient d’achever sa longue fusion : Alliance Fédérale a absorbé Nord Europe, et fait la paix avec les copains bretons d’Arkea qui reste finalement dans le groupe. Seule la fédération Maine-Anjou-Basse-Normandie fait figure d’exception. Côté Crédit Agricole, les 39 caisses sont toutes rattachées au groupe.
Il existe bien quelques banques indépendants, comme Wormser frères, Delubac & Compagnie, Edmond de Rothschild, Hottinguer ou Lazard Frères, principalement positionnées sur la gestion de fortune, mais pas avec un réseau aussi étendu que Courtois.
En réalité, le 4e révolution bancaire a débuté il y a 15 ans avec les banques en ligne, puis les néo-banques, et maintenant avec des PSP qui ne sont même pas des établissements bancaires ou de crédit.
Impossible de savoir ce que sera la banque de 2050, celle qui aura du faire face à notre objectif de neutralité carbone. Mais elle n’aura pas le même temps que ses ancêtres pour se construire.
Sources et bibliographies
- La France moderne, J. Villain, 1906-1913
- À propos des livres comptables de la banque Courtois à Toulouse à la veille de la Révolution : l’affirmation d’un régionalisme bancaire ?, Jean-Pierre Alline, Annales du Midi, 1983
- Toulouse, place bancaire (dans l’entre-deux-guerres) ?, Hubert Bonin, Presses universitaires du Midi, 2013
- Un grand éditeur protestant du XIXe siècle : la Société des Livres Religieux de Toulouse, Jean-Yves Carluer, Annales du Midi, 2004
- La création de l’Eglise évangélique de Pau et l’affaire du Temple Christ Church (1848-1858), Hélène Lanusse Cazale, Revue d’Histoire de l’Eglise de France, 2009
Et un grand merci à Frank Courtois de Viçose pour son temps.