Nestlé Waters et l’Art du Bullshit : Quand la Communication Prend le Dessus
Nestlé Waters a récemment démontré une maîtrise impressionnante de la communication, poussant cette discipline à son paroxysme. Voici un retour sur une série d’événements étonnants.
Les Révélations Trompeuses
Le 30 janvier 2024, Radio France et Le Monde publient une enquête conjointe révélant que Nestlé utilisait des procédés interdits pour traiter des eaux soi-disant « de source » ou « minérales naturelles. » Cette enquête suggère que d’autres industriels pourraient également être concernés.
L’Exclusivité Mise en Doute
Curieusement, cette « exclusivité » n’en est pas vraiment une. La veille, Les Echos avait déjà publié un article divulguant ces informations. Cet article, qui commence par « Faute avouée, faute à moitié pardonnée ? », est en réalité une interview de Muriel Lieneau, la patronne de Nestlé Waters Europe. Elle y prépare le terrain en neutralisant les révélations à venir et déroulant les éléments de langage de la marque suisse.
La Formulation Étrange
Le 30 janvier, le même journaliste des Echos écrit : « Dans la foulée du mea culpa […] Le Monde et Radio France ont révélé plusieurs rapports. » Cette formulation étrange soulève des questions sur la synchronisation des informations.
L’Affaire des Bouteilles Perrier
Le 24 avril, Nestlé refait parler de lui. Suite à une dépêche AFP, toute la presse nationale rapporte que « Nestlé annonce avoir détruit deux millions de bouteilles d’eau Perrier ‘par précaution’ après de fortes pluies. » Tous les médias reprennent l’information sans vraiment l’approfondir.
La Vérité Révélée
Le 25 avril, la Direction générale de la santé (DGS) précise que c’est le préfet du Gard, à la demande de l’ARS Occitanie, qui a ordonné la destruction des bouteilles suite à une « contamination d’origine fécale. » La communication de la DGS est largement ignorée par les médias, ayant un impact bien moindre que celle de Nestlé.
Une Leçon de Communication
Nestlé a parfaitement illustré une leçon de communication : prendre les devants permet de maîtriser le débat public. Cependant, c’est aussi un échec du système médiatique, qui privilégie la rapidité et l’immédiateté au détriment de l’analyse et du recoupement d’informations. Une nouvelle victoire des communicants sur le journalisme.