Primonial sanctionné par l’AMF : Faux arguments ISR et amende de 40 000€
En 2020, le Label ISR a été instauré pour garantir aux investisseurs que certains fonds respectaient des critères stricts en matière de durabilité. De nombreux SCPI ont depuis obtenu cette labellisation, dont l’OPCI PREIM ISR, dont toute la communication repose précisément sur ce label. Le site de Primonial évoque un « 1er fonds immobilier ISR Best-in-class » et une « solution d’épargne immobilière labellisée ISR ». Mais pourquoi l’AMF s’en est-elle prise à Primonial ?
Les acquisitions problématiques
L’AMF reproche à Primonial l’acquisition de deux biens en particulier. Le premier, le siège de Nestlé à Issy-les-Moulineaux, d’une superficie de 47 000m2, acheté pour 620 millions d’euros à UWR, dont 26,4 millions par l’OPCI. Le second, Gambetta Village/Nexxt, un complexe de 20 000m2 de bureaux loués à Publicis, acheté 219 millions d’euros à Icade, dont 4,7 millions par l’OPCI.
Un manque de transparence flagrant
Dans son prospectus, l’OPCI affirme que chaque acquisition doit obtenir une note d’au moins 70/100 pour être éligible au fonds. Or, cette note n’a jamais été fournie par Primonial. Cette opacité est encore plus problématique quand on considère que ces actifs sont également présents dans d’autres fonds via des SCI opaques gérées par Primonial. Par exemple, Nexxt est co-détenu à 85% par Primopierre, également labellisée ISR, et Shift est partagé entre Primopierre, Ufifrance et trois SCPI de La Française.
Des scores ESG variables
Dans son rapport ESG 2023, La Française note initialement Shift à 74/100, puis à 84/100 grâce à des initiatives comme un plan de conservation de la biodiversité et le tri des déchets. De son côté, Primopierre fait passer la note de 72,1 à 81,8 grâce à la gestion technique du bâtiment et aux relations entre les parties prenantes. Le bâtiment possédait déjà les certifications BREEAM et HQE lors de l’acquisition.
Un scandale relatif
Le véritable problème réside dans le manque de transparence de Primonial, qui n’a pas assuré la traçabilité de ses scores. Les différences entre les chiffres de deux gérants et l’utilisation du label ISR dans le nom du fonds illustrent à quel point ces indicateurs peuvent être trompeurs.
Des parcs immobiliers sous la loupe
L’analyse des parcs de ces SCPI révèle d’autres incohérences. En 2015, Primopierre acquiert Ardeko pour plus de 200 millions d’euros, noté 59,9 à l’origine. Avec un score actuel de 77,8, ce bâtiment émet près de sept fois plus de CO2/m2 que Shift, soit 80% de plus que la moyenne des SCPI, et consomme 4,5 fois plus d’énergie par mètre carré.
L’appel à des mesures fermes contre le greenwashing
Ce manque de transparence et ces incohérences ont poussé une vingtaine de personnes à solliciter l’AMF la semaine dernière pour qu’elle prenne des mesures fermes contre le greenwashing. Une initiative qui souligne l’importance d’une réglementation stricte et d’une transparence totale pour éviter les abus en matière d’investissement responsable.