Le Paradoxe du Conseil en Investissement
Dans les discussions précédentes sur la sémantique, nous avons vu que ce n’est pas seulement une question d’étymologie, mais aussi d’usage, et parfois même de légalité. Si vous vous êtes déjà intéressé aux sujets financiers, vous avez sûrement remarqué une phrase récurrente : « CECI N’EST PAS UN CONSEIL EN INVESTISSEMENT. » C’est un peu le « à consommer avec modération » des finances, le « manger bouger » de l’argent.
Pourquoi Cette Mise en Garde?
Pourquoi alors, après avoir listé une série de bons plans, les auteurs insistent-ils pour dire que cela ne constitue pas un conseil en investissement? Un conseil, c’est sympa, non? Pour comprendre cela, un petit retour en arrière s’impose.
Histoire et Contexte
Le 1er août 2003, un vendredi, alors que le monde se souciait peu d’un attentat en Tchétchénie, la France promulguait la loi sur la sécurité financière. Cette loi créa la profession de Conseiller en Investissement Financier (CIF). Pour devenir CIF, il faut obtenir plusieurs agréments, être inscrit à l’ORIAS, et faire partie d’une association professionnelle.
Qu’est-ce qu’un Conseil?
Un conseil, c’est une aide, un propos sans obligation. En termes concrets, cela pourrait se traduire par « Non mais tu sais moi j’dis ça, j’dis rien. » Mais en réalité, la phrase « Ceci n’est pas un conseil en investissement » est un disclaimer, c’est-à-dire une information sur les risques que personne ne lit, censée protéger le client selon les régulateurs, mais qui protège surtout ceux qui l’écrivent.
L’Illusion de l’Indépendance
Voir cette phrase indique clairement que l’auteur sait que ses propos ressemblent fortement à un conseil en investissement, et que ce conseil n’est pas indépendant. L’indépendance elle-même est souvent une belle rhétorique du bullshit.