Le pouvoir d’achat au cœur des législatives
Le pouvoir d’achat a enfin été au cœur des législatives récentes. Depuis la campagne de Nicolas Sarkozy et son fameux « Travailler plus pour gagner plus », ce thème n’avait pas été autant discuté. La faute en revient à l’inflation alimentaire, aux coûts de l’énergie et sans doute aussi à l’immobilier.
Deux grandes solutions pour le pouvoir d’achat
Pour résoudre ce problème, deux grandes solutions sont proposées. À droite, on préfère alléger les charges sur les salaires et aider les entreprises à produire des richesses, en espérant qu’elles les partagent. À gauche, on opte pour imposer une hausse des revenus et soutenir la consommation par des aides, en espérant qu’elles bénéficient à l’économie. Le SMIC est ainsi devenu une véritable marotte.
L’histoire du SMIC à 1500€
Face à Sarkozy, Ségolène Royal avait déjà inclus dans son programme un SMIC à 1500€. Brut, puis net, puis à nouveau brut. À l’époque, cela représentait 1’151€ net, soit environ 1’553€ après ajustement pour l’inflation, ce qui correspond à peu près à ce que propose aujourd’hui le Nouveau Front Populaire.
Le coût pour les entreprises
Actuellement, un SMIC net de 1377€ coûte 1844€ à une entreprise. Augmenter ce montant à 1600€ ferait passer ce coût à 2375€. Selon l’OFCE, une telle augmentation entraînerait la destruction de 29 000 emplois, bien loin des 500K annoncés par Gabriel Attal.
Les risques d’une augmentation rapide
Une augmentation aussi rapide pourrait également créer une boucle salaire-prix, bien que la réalité de ce phénomène reste à démontrer. Des hausses similaires ont déjà eu lieu en Allemagne et en Espagne, avec des effets variés.
La smicardisation de la France
Le problème majeur réside dans la smicardisation de la France. En 2020, 13% des Français percevaient le SMIC. Ce chiffre est passé à 14,5% en 2022, puis à 17,3% en 2023. Une telle hausse ferait inévitablement exploser cette statistique, car une personne actuellement payée 1600€ ne serait pas augmentée pour autant.
Impact sur les TPE et les femmes
C’est particulièrement gênant pour les très petites entreprises (TPE), qui emploient principalement des smicards. Selon un rapport de la Dares – ministère du Travail, plus l’entreprise est grande, moins elle emploie de personnes au SMIC :
- 24,5% dans les TPE (<9 salariés) → 780K personnes
- 16,3% dans les PME (10-99 salariés) → 860K personnes
- 13% dans les grandes entreprises (100-499 salariés) → 420K personnes
- 7,8% dans les groupes (500+ salariés) → 430K personnes
Les risques pour les périphéries et les femmes
Plus l’entreprise est grande, moins il y a de temps partiels, mais plus la proportion de femmes parmi les smicards augmente. Cela pourrait donc smicardiser encore davantage les périphéries et les femmes, tout en mettant en péril des entreprises déjà fragiles, notamment en raison de l’arrêt des mesures de soutien Covid et des coûts de l’énergie.
Un équilibre économique fragile
L’économie est une machine fragile. Manipuler ses indicateurs peut avoir de lourdes conséquences, largement au-delà des intentions initiales, aussi louables soient-elles.