đ„ Cachez ce risque que je ne saurais voir
Quand lâenfer de la communication est pavĂ© de bonnes omissions.
Bonjour,
La communication nâest pas toujours un mĂ©tier facile. Et ça mâarrange bien, ça me fait travailler ! Mais Ă lâinstar de la santĂ©, du tabac ou de lâalcool, nombre de mĂ©tiers liĂ©s Ă la finance, Ă lâĂ©pargne, Ă la banque ou Ă lâimmobilier sont rĂ©glementĂ©s. Leur communication Ă©galement.
Cela amĂšne pas mal de difficultĂ©s. Dans un contexte international, câest une Ă©norme distorsion de marchĂ©. Nombre de PSAN1 dĂ©noncent dâailleurs rĂ©guliĂšrement la rĂ©glementation quâon leur impose pour gĂ©rer ou vendre des cryptos et communiquer dessus, alors que des acteurs Ă©trangers non rĂ©gulĂ©s viennent faire nâimporte quoi. Y compris communiquer Ă des Français, en français via des influenceurs français, comme la plateforme Bitget⊠pourtant sur liste noire de lâAMF2.
Mais mĂȘme chez les acteurs rĂ©gulĂ©s, certains font preuve dâun peu de largesse avec les textes, quand ils ne sâassoient pas carrĂ©ment dessus, notamment en faisant parler dâautres Ă leur place.
Avant de commencer, il me semble important dâapporter quelques prĂ©cisions.
Cette newsletter utilise des exemples nominatifs issus de communications professionnelles. Il ne s'agit en aucun cas d'un rĂšglement de compte ou d'un jugement sur des personnes, entreprises, produits ou services.
Les faits sont prĂ©sentĂ©s sous un angle marketing et rĂ©glementaire, selon ma propre analyse. A lâexception des sanctions prononcĂ©es, mes Ă©crits nâindiquent en rien que les agissements pourraient/vont ĂȘtre rĂ©primĂ©s par un rĂ©gulateur.
Les personnes citĂ©es le sont dans le cadre dans le professionnel, et en aucun cas cette newsletter ne doit ĂȘtre un prĂ©texte pour les diffamer ou les harceler.
Dâailleurs, la rĂ©flexion autour de âfaut il ou non citer les personnesâ est Ă©galement survenue la semaine derniĂšre, suite Ă la newsletter sur Ledger. Parmi les retours, jâai eu celui dâun cofondateur qui a mal pris la publication pour 3 raisons :
Les chiffres de cashout seraient faux ;
Il est nommément cité ;
Je lui mettrais une âcible dans le dosâ.
Jâai anonymisĂ© plusieurs noms, mais ma position a toujours Ă©tĂ© de :
Ne pas pas anonymiser ceux se sâexposent volontairement dans le cadre de leur entreprise ;
Ne pas anonymiser ceux qui apparaissent dans des documents publics, ou facilement accessibles ;
Anonymiser les personnes qui sont citĂ©es pour illustrer quelque chose qui nâest pas au cĆur de lâhistoire ;
Anonymiser les sources ou tĂ©moins, sauf Ă ce quâils acceptent lâinverse ;
Citer clairement les sources publiques, notamment les journalistes et leurs médias.
Chaque mĂ©dia a visiblement sa propre religion sur le sujet. Mais pour ma part, et je lâai Ă plusieurs fois redis, citer une personne dans le cadre dâun Ă©chec, nâest pas dĂ©nigrer une personne. A plusieurs reprises quand jâai parlĂ© des chutes de Luko, Masteos, Ynsect ou dâautres, jâai reçu des messages du type : âOui mais eux au moins ils ont essayĂ©â ou âCâest pas de la faute de [nom du CEO]â. Certes. Je nâai jamais accusĂ© nommĂ©ment personne dâun Ă©chec, et quand bien mĂȘme, ça ne remettrait pas en cause lâintĂ©gralitĂ© de ses compĂ©tences ou qualitĂ©s. Et oui, câest forcĂ©ment plus facile dâanalyser un Ă©chec aprĂšs coup. Mais ça ne rend pas le contenu moins pertinent pour autant.
Sur ce : bonne lecture.
Note : cette publication Ă©tant longue, tu peux lâouvrir dans ton navigateur en cliquant ici.
đ« Far west
Le sujet a longtemps Ă©tĂ© abordĂ© parce quâil a fait plusieurs fois la une des mĂ©dias, alors on ne va pas trop sây attarder. Mais les cryptos font partie des produits financiers Ă la communication la plus douteuse, relayĂ©e par pas mal dâinfluenceurs qui sâautorisent Ă peu prĂšs tout.
Jâavais dĂ©jĂ parlĂ© il y a quelques temps de Polkadot, dont lâagence avait payĂ© une flopĂ©e de gens qui ont fait la pub du produit sans jamais le dire. De lâavis de trĂšs nombreux acteurs : câest monnaie courante. MĂȘme si plusieurs personnes mâont prĂ©cisĂ© que, dans le cas de Polkadot, câĂ©tait plutĂŽt une initiative personnelle de quelques individus.
Durant le dernier bullrun, ce sont les NFT qui Ă©taient sur toutes les lĂšvres, et nombre de gens se sont fait dĂ©pouiller par des projets qui nâavaient aucun sens, relayĂ©s par des gens payĂ©s pour en faire la promo. Nombre dâinfluenceurs, sans lien avec la crypto ou la finance ont dâailleurs Ă©tĂ© rĂ©cemment condamnĂ©s : 150K⏠par la DGCCRF3 pour Mohammed BDJ4, 45K⏠pour TheKairi pour un autre projet Ă©clatĂ© quelques semaines avant5. Deux cycles avant, câest Nabilla Benattia-Vergara qui avait pris 20K⏠dâamende pour avoir fait la promo du Bitcoin67. A lâĂ©poque de sa publicitĂ©, le Bitcoin Ă©tait autour de 8K$, contre 100K⏠aujourdâhui.
Au mĂȘme moment, câest un autre ancien candidat de tĂ©lĂ© rĂ©alitĂ©, Julien Bert, qui lançait Wolfâs Investment8 une soi disant sociĂ©tĂ© de trading, qui Ă©tait en fait une plateforme dâaffiliation, avec comme promesse : « 100âŻ% de chances de gagner de lâargent ». Il sera condamnĂ© en 2023 par la DGCCRF mais pour dâautres pratiques, notamment sur la publicitĂ© dĂ©guisĂ©e. InterrogĂ© par LâAgefi9 sur ce sujet, le patron en France du courtier Trade Republic affirmait alors :
« Il faut distinguer les influenceurs issus de la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© et les crĂ©ateurs de contenus, qui partagent leur expĂ©rience, leurs bonnes pratiques dans la finance â sans faire de conseil en investissement »
Les griefs sont toujours la mĂȘmes (bien quâils ne sont pas toujours cumulĂ©s)
La publicitĂ© nâest pas dĂ©clarĂ©e ;
Lâacteur mis en avant est une escroquerie ;
Les risques ne sont pas indiqués.
Pourtant, dâautres influenceurs de la sphĂšre cryto ne sont pas rappelĂ©s Ă lâautre lâordre.
Si certains, comme Hasheur font preuve de pĂ©dagogie et dâhonnĂȘtetĂ©, en expliquant rĂ©guliĂšrement les risques dâinvestir ou comment fonctionnent les cryptos, ce nâest pas le cas de tout le tout monde.
Est-ce que 100% des milliers de contenus publiés par Hasheur sont 100% conformes aux lois et aux réglementations ? Sans doute pas. Mais il est impossible de suivre ce type de personne réguliÚrement sans en comprendre les risques et les contours.
Ce nâest pas le cas de nombreux autres qui, par exemple, relaient ouvertement des liens affiliĂ©s vers Bitget.
Fin 2023, seulement quelques semaines aprĂšs lâannonce de lâAMF, lâautoproclamĂ©e « premiĂšre newsletter crypto de France »10, plusieurs fois brocardĂ©e par des professionnels du web3, faisait la promotion de Bitget, Ă lâoccasion dâune publicitĂ© pour Oval3.
Sâil est clairement Ă©crit que lâopĂ©ration est sponsorisĂ©e, seuls les potentiels avantages sont indiquĂ©s. LancĂ© Ă 0,6$, le token affiche aujourdâhui Ă peine 0,001$ soit une perte de plus de 99% pour environ 2M$ investis. Dâautant plus problĂ©matique que la newsletter en question est coutumiĂšre dâun langage trompeur et quâelle utilise rĂ©guliĂšrement le terme « riche » afin de vendre une formation. Comme ce 21 mars 2022 oĂč la newsletter « La DeFi te rend riche : les prĂȘts Ă intĂ©rĂȘt ! » explique le lending. Caroline Jurado prend alors lâexemple dâAnchor et du projet Terra/Luna.
La mĂȘme newsletter expliquait comment avoir « [son] million dâeuros » « avec 300⏠par mois ».
Un mois plus tard tout sâeffondre et le token affiche -96%.
Il ne sâen remettra jamais.
Caro, si.
Mais tout le monde ne subit pas le rĂ©gulateur de la mĂȘme façon.
đŁ Corum atteint
En avril 2021, la sociĂ©tĂ© de gestion Corum Ă©cope de 600K⏠dâamende en commissions des sanctions AMF11. Sâil est notamment question de LCB-FT12, et que plusieurs pros de la compliance pensent que sans ces manquements, la sanction nâaurait peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© prononcĂ©e, il est surtout question de la communication dans la dĂ©cision.
LâAMF la qualifie les publicitĂ©s examinĂ©es de « peu claires, inexactes ou trompeuses »
amenant les clients à souscrire à des produits qui ne sont pas « en adéquation avec leurs profils de risque ». Le régulateur estime que les manquements « sont trÚs graves comme la qualité de la documentation commerciale des fonds »
Tout en signalant que Corum nâa pas directement tirĂ© profit de ses pratiques et quâĂ date, aucun investissement lĂ©sĂ© nâavait Ă©tĂ© recensĂ©.
Les griefs sont nombreux et intĂ©ressants, parce quâils montrent lâattention portĂ©e par lâAMF aux communications :
Le déséquilibre : les avantages étaient trop mis en avant par rapport aux inconvénients, à la fois en termes de disposition, de taille de caractÚre et de couleurs ;
Les informations trompeuses : notamment sur des frais qui nâĂ©taient pas clairs, et sur les performances passĂ©es montrĂ©es, ou encore en utilisant la mention « tout inclus » pour parler de souscription alors que des frais de souscription Ă©taient Ă prĂ©voir ;
Les risques : Corum a Ă plusieurs reprises oubliĂ© dâindiquer que ni le capital ni le rendement nâĂ©taient garantis.
Ce quâon pourrait rĂ©sumer par ce passage de la sanction :
« Les courriels dâinformation relatifs aux dividendes versĂ©s par les SCPI Corum comportaient un avertissement relatif Ă diffĂ©rents risques, en tĂȘte des courriels et en caractĂšres noirs. Cet avertissement Ă©tait toutefois relĂ©guĂ© au second plan par lâeffet de lâutilisation de caractĂšres gras et colorĂ©s pour la mention relative au versement des dividendes. Cette mention, ainsi rĂ©digĂ©e âNouveau, vos revenus Corum XL versĂ©s chaque mois !â suggĂ©rait que le versement de ces dividendes Ă©tait garanti »
Sur la mĂȘme pĂ©riode de contrĂŽle, lâAMF a relevĂ© le mĂȘme type de problĂšme chez Perial, et a sanctionnĂ© le gĂ©rant de 250KâŹ13. Le rĂ©gulateur reproche notamment Ă Perial de ne pas avoir mis en place de process pour contrĂŽler les documentations commerciales, prenant lâexemple dâune vidĂ©o YouTube qui met « insuffisamment en exergue les risques par rapport aux avantages dâinvestissement promu ». Enfin, il est indiquĂ© que :
« Certaines publications de la sociĂ©tĂ© sur Twitter mettent en avant le rendement de la SCPI et autres donnĂ©es chiffrĂ©es sans faire figurer de maniĂšre apparente les risques affĂ©rents Ă lâinvestissement dans ce type de produit et le fait que ces revenus ne soient plus garantis. La mention sur les performances passĂ©es est Ă©galement occultĂ©e. »
Plus rĂ©cemment en septembre 2024, câest Sogenial (jâadore ce nom) qui est sanctionnĂ© pour des motifs en partie similaires14. LĂ encore, lâAFM relĂšve des documents « prĂ©sentant une information relative aux avantages et aux risques des SCPI dĂ©sĂ©quilibrĂ©e » et dâautres avec des affirmations «ne prĂ©cisant pas que le rendement annoncĂ© nâĂ©tait pas garanti ». Par ailleurs, le rĂ©gulateur reproche Ă Sogenial dâavoir communiquĂ© dans quelques dizaines de documents sur le DVM15, sans expliquer clairement le calcul, et de nâavoir jamais prĂ©sentĂ© le TRI16. En gros : ils ont bidouillĂ© des chiffres pour se montrer sous un meilleur jour.
Dâailleurs il suffit dâaborder la question des contrĂŽles AMF avec nâimporte quel gĂ©rant ou distributeur pour sâen rendre compte. Un patron dâun gros cabinet de CGP mâexplique :
« Quand lâAMF vient, tu sais quâils viennent pour trouver quelque chose. Ca prend un temps incroyable, tu dois tout ouvrir, tout donner. Et forcĂ©ment sur tous les produits, tous les clients, et malgrĂ© les process quâon met, il arrive quâil manque un document qui nâa pas Ă©tĂ© uploadĂ© ou bien rangĂ©. »
Pour autant, ces sanctions restent rares et cantonnĂ©es Ă des acteurs respectables. Parce que quand bien mĂȘme Corum a tordu la loi et lâesprit de la loi et a merdĂ© sur des culs de bus, ils nâont jamais ouvertement menti ou affichĂ© des dingueries disant aux investisseurs quâils allaient devenir riches. MĂȘme si, encore une fois, ces sanctions ont Ă©tĂ© prises dans le cas dâautres manquements.
Et bien que la rumeur enfle sur une possible sanction exemplaire Ă lâencontre dâun des gros gĂ©rants de la place de Paris, passĂ© en commission des sanctions fin 2024, dont la dĂ©cision nâa pas Ă©tĂ© publiĂ©e, et donc le patron est depuis en retrait, et Ă lâĂ©tranger.
đ Des chiffres et des lettrages
La problĂ©matique de lâindicateur soulevĂ© au-dessus est une constante. Dans le cas des SCPI, câest lâASPIM qui aligne un peu tout le monde, et le calcul a dâailleurs Ă©tĂ© changĂ© il y a quelques annĂ©es. Dans le cas du crowdfunding par exemple, et jâen ai souvent parlĂ©, câest un giga-bordel. Chacun communique avec ses propres chiffres, aux dĂ©finitions trĂšs diffĂ©rentes, sans le moindre contrĂŽle, et chaque annĂ©e la vague association sans influence qui regroupe quelques acteurs sort une Ă©tude sans intĂ©rĂȘt avec EY. On apprend alors que le rendement moyen est de X%. Ce dont tout le monde se fout, puisquâon parle dâobligations et que ce qui est intĂ©ressant, ce nâest pas le montant auquel signent les clients, mais ce quâils obtiennent rĂ©ellement, retards et dĂ©fauts pris en compte.
Plusieurs investisseurs ont dâailleurs créé leurs propres plateformes pour Ă©clairer les autres, comme Alexandre LefĂšvre dâInvestissements Faciles ou Patrick Setzekorn dâArgent & Salaire. En contrepartie de leur travail, ils ont des liens dâaffiliation (clairement indiquĂ©s comme Ă©tant publicitaires) qui ramĂšnent vers ces plateformes. De quoi gĂ©nĂ©rer entre 8 et 25K⏠/ mois de revenus, selon les mois, et les blogs (puisquâil en existe dâautres).
Câest cette bataille de chiffres qui mâavait donnĂ© envie dâĂ©crire rĂ©guliĂšrement sur LinkedIn il y a quelques annĂ©es quand jâavais commencĂ© Ă analyser Bricks, qui communiquait sur des chiffres trĂšs diffĂ©rents de ses rĂ©sultats, tout en oubliant souvent de parler de ses risques. Cette passe dâarmes mâavait valu Ă lâĂ©poque des comportements qui frisaient le harcĂšlement mais, de lâaveu de CĂ©dric OâNeill, patron de Bricks, lui-mĂȘme, cela avait amenĂ© la plateforme Ă Ă©voluer :
Bricks avait repris lâidĂ©e de mon tableau de suivi pour donner de la clartĂ© Ă ses investisseurs ;
LâAMF Ă©tait intervenue dans le cadre de la levĂ©e de fonds pour la limiter Ă 8MâŹ17 ;
Bricks avait revu une partie de sa communication, notamment sur les risques.
Quand lâAMF a demandĂ© Ă Bricks de passer du modĂšle royalties Ă lâobligation, la proptech est devenue une fintech qui est revenue doucement dans le rang. Sâil est toujours possible de trouver certains projets mieux que dâautres, force est de constater que les problĂšmes actuels portent quasi exclusivement sur les projets en royalties. Et la plateforme communique ouvertement sur ses statistiques18.
De lâautre cĂŽtĂ© du crowdfunding se trouve lâimmobilier fractionnĂ©, dont les plateformes tombĂ©es au combat se comptent sur les doigts des chanteurs de lâArmĂ©e Rouge. Et de ce cĂŽtĂ© de la bataille, les chiffres sont un vĂ©ritable enfer, puisque chacun a sa propre dĂ©finition du rendement. Dâailleurs, câĂ©tait un des objectifs de Zero Bullshit avant lâĂ©tĂ©, que dâarriver Ă mettre en place une norme. Ces discussions ont dâailleurs dĂ©bouchĂ© sur une rĂ©union entre acteurs que nous devions par la suite centraliser, mais le projet a dĂ» ĂȘtre avortĂ© suite Ă un intense harcĂšlement cet Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ© par un acteur visĂ© par une newsletter.
Reste quâaujourdâhui : quand une plateforme de fractionnement annonce x%, personne ne sait oĂč sont les frais, ce qui est inclus, sâil y a un dĂ©lai de jouissance, sâil y a un scĂ©nario de réévaluation des parts et encore moins comment il a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©.
Mais le sujet de la communication des risques, des performances et des influenceurs est lui aussi bien plus large.
đ Par allĂ©geance je suis liĂ© Ă la RĂ©publique
En fĂ©vrier 2022, Trade Republic19 a Ă©tĂ© lâune des premiĂšres marques Ă embrasser le sujet de lâinfluence sur LinkedIn. Largement pris en compte dans les budgets marketings des marques grand public sur YouTube ou Instagram depuis des annĂ©es, il restait trĂšs anecdotique sur LinkedIn.
Fin 2021, le courtier allemand fait appel Ă Leenq, agence dâinfluence créé par Hugues Trijasse, un multi-entrepreneur, derriĂšre le neomĂ©dia French Startuper (uniquement sur les rĂ©seaux sociaux), des newsletters, et surtout figure de LinkedIn Ă lâĂ©poque (un peu plus discret maintenant). Peu aprĂšs cette opĂ©, lâagence (qui existe toujours) sera rachetĂ©e par Coudac, agence marketing créée par une autre figure de LinkedIn, ThĂ©o Lion.
Le but premier de la campagne est de faire parler de la marque, plus que de gĂ©nĂ©rer du tĂ©lĂ©chargement (mĂȘme sâil y avait une opĂ©ration commerciale avec 200⏠dâactions gratuites pour 5⏠dĂ©posĂ©s), et trois axes sont proposĂ©s Ă une trentaines de crĂ©ateur de contenus :
RH : parce que la marque recrute ;
Marketing : pour dĂ©fendre lâinnovation secteur ou parler de la levĂ©e de 900M⏠;
Epargne : pour inciter les gens à « glisser » en bourse.
Dans la foulĂ©e, et comme câest gĂ©nĂ©ralement le cas, les crĂ©ateurs reçoivent un brief avec les Ă©lĂ©ments de langage de la marque. Chacun recevra entre 500 et 1500⏠pour sa publication.
Certains profils sont plutĂŽt des freelanceurs vendeurs de solution (Caroline Mignaux20, Caroline Jurado), des patrons de startups (GrĂ©goire Gambatto), Harold Gardas, AndrĂ©a BensaĂŻd, Antoine Perigne) et dâautres profils trĂšs exposĂ©s sur la plateforme (Sylvain Tillon21, Ulysse Lubin, Jean Pascal Mollet, Ruben Taieb). Et en tout cas tous dans le top 100 des profils le plus suivis et lus de LinkedIn.
DĂ©but janvier, 23 publications arrivent sur LinkedIn le mĂȘme jour ce qui remue un peu la communautĂ© des lecteurs habituĂ©s. Hugues Trijasse judbile22 :
« Câest la plus grosse opĂ©ration dâinfluence marketing jamais vue sur LinkedIn en France »
Câest sans doute vrai, encore aujourdâhui. Pour ma part, câest prĂ©cisĂ©ment Ă ce moment que jâai commencĂ© Ă Ă©crire⊠cette newsletter. Ou en tout cas Ă prendre des notes. Parce que jâavais Ă©tĂ© sidĂ©rĂ© de voir autant de gens avec autant dâaudience inciter Ă investir :
Sans dire quâils Ă©taient payĂ©s pour ;
Sans la moindre mention des risques.
Au moment de la publication, 6 publications sur 23 mentionnaient (tous en fin de post) que câĂ©tait une publicitĂ©, et 1 seul parlait de risque.
Plusieurs abonnĂ©s, notamment des professionnels de lâĂ©pargne (et moi) se sont Ă©mus dâune telle lĂ©gĂšretĂ©, dont GrĂ©gory Guilmin :
Aujourdâhui payĂ© par Trade Republic, il en est lâun des ambassadeurs les plus actifs sur LinkedIn.
Reste que devant le nombre de commentaires nĂ©gatifs, plusieurs influenceurs paniquent et certains suppriment leur publication. Hugues Trijasse envoie un message Ă chaque crĂ©ateur pour demander dâajouter une mention Ă©crite par la marque, indiquant que « c'est l'AMF qui a mis un coup de pression Ă Trade Republic » :
PS : Investir sur les marchés boursiers comporte des risques de perte en capital. La valeur des investissements peut varier à la hausse comme à la baisse et peut engendrer un risque de perte supérieur au montant initial investi. Les investisseurs individuels doivent prendre leurs propres décisions ou prendre conseil auprÚs de professionnels habilités, et surtout se former.
PS2 : Ce post est sponsorisé.
Les deux plus grosses publications, celles dâAndrĂ©a BensaĂŻd et de GrĂ©goire Gambetto affichent chacune 120K vues. Tout ça pour un budget dâenviron 50K⏠selon mes informations, 100K⏠selon celles de Minted.
Dans une publication sur son compte personnel le trĂšs mĂ©diatique patron de la plateforme, Matthias Baccino (qui a rĂ©cupĂ©rĂ© environ 3000 followers durant lâopĂ©), dĂ©fend la campagne23. Conscient du spam ressenti par certain, il dĂ©but par ironique « Ceci nâest pas un post sponsorisĂ© par Trade Republic » puis explique quâil sâagit dâune opĂ©ration visant à « informer et Ă©duquer les Français sur les bons comportements Ă adopter en termes dâinvestissement ».
Mais comme beaucoup de vendeurs de produits, Ă lâinstar dâAnthony Bourbon de Blast, Baccino utilise un discours presque social, dĂ©fendant lâĂ©ducation financiĂšre et la protection de chacun via son argent24 . A travers ses interviews, ce proche de Xavier Bertrand leverage son expĂ©rience de trader (mĂȘme sâil me semble quâil Ă©tait plutĂŽt commercial) et dĂ©veloppe une vraie vision financiĂšre oĂč chacun devrait avoir son destin en main. RĂ©guliĂšrement, et sans doute Ă raison, il tape sur les crĂ©dits Ă la consommation en expliquant Ă quel point ils sont problĂ©matiques dans la situation financiĂšre de la plupart des gens. Un point rĂ©guliĂšrement mis en avant par les rĂ©gulateurs. Mais en oubliant que parti les risques qui remontent dĂ©sormais chaque annĂ©e dans la cartographe de lâAMF25, il y a la gamification de lâinvestissement, qui est lâune des bases mĂȘmes de la stratĂ©gie26 de Robinhood ou de Trade Republic27.
Un sujet suffisement problĂ©matique pour que Trade Republic paye des chercheurs pour dĂ©montrer lâinverse, dans un papier qui ne sera jamais peer-reviewed28. Le papier sera rĂ©guliĂšrement citĂ© dans la presse, visiblement soufflĂ© par les communicants du courtier, et utilisĂ© par des lobbyistes auprĂšs de lâESMA29. Pourtant, plus quâune recherche, le papier est issu dâun sondage fait par⊠Trade Republic auprĂšs de ses clients30. A lâinverse des autres recherches sur le sujet31, il nâest jamais question dâaddiction.
« Dans la vision humaniste de la sociĂ©tĂ© que je me fais, le rĂŽle de celui qui sait câest dâaider celui qui sait pas [âŠ] et pas de profiter de cette diffĂ©rence »
- Matthias Baccino
Ce nâest pas forcĂ©ment faux.
De mĂȘme que le manque dâĂ©ducation financiĂšre est une rĂ©alitĂ©.
Mais on va voir Ă quel point câest problĂ©matique quâon puisse faire croire que ces solutions seraient une sorte de bien commun portĂ©e par des entreprises privĂ©es.
đ„ Sed lex dura lex
En en rĂ©alitĂ©, il y a deux sujets diffĂ©rents sur cette campagne: et câest tout le problĂšme.
Parce que dâun cĂŽtĂ© il sâagit dâune opĂ©ration publicitaire. Depuis 2004 et la LCEN32, toute personne payĂ©e pour raconter un truc sur internet a obligation de le faire. Sâil est vrai que la loi dite Delaporte-Vojetta33 publiĂ©e quasiment 19 ans jour pour jour aprĂšs vient Ă©claircir le sujet, suite Ă des abus mĂ©diatiques, il est faux dâaffirmer que les pratiques nâĂ©taient pas encadrĂ©es, comme lâont dit beaucoup de crĂ©ateurs..
Ainsi, dĂšs 2004 la loi dispose dans son article 20, toujours en vigueur, que :
« Toute publicitĂ©, sous quelque forme que ce soit, accessible par un service de communication au public en ligne, doit pouvoir ĂȘtre clairement identifiĂ©e comme telle. Elle doit rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est rĂ©alisĂ©e. »
Mieux, il est clairement indiquĂ© quâil est interdit de faire du dĂ©marchage pour des placements financiers.
LâARPP34 est venue Ă de nombreuses reprises clarifier ce sujet dans des guides, jusquâĂ proposer un « certificat de lâinfluence responsable » (dont tout le monde se fout)35. Reste que les rĂšgles, issues de la loi, sont claires, et partagĂ©es Ă©galement par la DGCCRF36.
Cela concerne toutes les collaborations oĂč il y a une contrepartie : un paiement donc, mais Ă©galement un produit, un service, une affiliation, etc.
La mention doit ĂȘtre instantanĂ©e et lisible, dĂšs les premiers caractĂšres, et non apparaĂźtre aprĂšs ou Ă travers un clic supplĂ©mentaire de type « en savoir plus ». Elle ne doit pas non plus ĂȘtre ajoutĂ©e aprĂšs la publication ou ĂȘtre noyĂ©e Ă travers dâautres mentions peu claires.
La mention doit ĂȘtre explicite et utiliser des termes clairs comme « partenariat rĂ©munĂ©rĂ© », « collaboration commerciale », #sponsorisĂ© ou #publicitĂ©.
Mais il sâagit ici de placements financiers, qui sont surveillĂ©s par dâautres rĂ©gulateurs, notamment lâAMF et lâACPR en fonction des sujets.
LĂ encore, si les lois, positions et autres doctrines qui rĂ©gissent la promotion des produits financiers ne sont pas toujours trĂšs claires, et pas toujours trĂšs adaptĂ©es aux rĂ©seaux sociaux, lâesprit de la loi est assez clair :
Faire clairement comprendre aux investisseurs les risques encourus ;
Ne pas utiliser des performances passĂ©es pour faire croire quâelles seront identiques dans le futur ;
Expliquer clairement les inconvĂ©nients du placement sur le mĂȘme niveau que les avantages (sous-jacent, liquiditĂ©, risques, etc.).
Le but Ă©tant que lâinvestisseur comprenne de quoi il retourne.
Ăvidemment : ce nâest pas simple. Et je le dis dâautant plus volontiers, quâen plus de mon mĂ©tier dâĂ©criveur de newsletter et pseudo-redresseur de tort, jâaccompagne des sociĂ©tĂ©s de lâĂ©pargne (notamment) dans leur communication et leur marketing. Mon rĂŽle est donc de faire vendre, et de prĂ©senter le produit sous un meilleur jour. Pas de dire « ouais câest bien mais tu peux perdre tout ton pognon. Et mourir. »
Donc oui, je confirme que ces lois ne sont pas toujours adaptées.
Mais on peut en respecter lâesprit.
Lorsque jâĂ©tais salariĂ© chez un gĂ©rant, jâavais mis en place une pyramide des obligations, et une maniĂšre de les prĂ©senter : parce que si on doit afficher les risques ET son numĂ©ro dâagrĂ©ment, ces informations nâont en rĂ©alitĂ© pas la mĂȘme importance vis-Ă -vis du client. En compilant les risques, en trouvant des maniĂšres de les exprimer dans des contextes (et des tailles) trĂšs diffĂ©rentes, et en hiĂ©rarchisant les obligations, il a Ă©tĂ© possible dâavoir des communications sur des supports trĂšs diffĂ©rents, dont le social media avec ses contraintes spĂ©cifiques, qui ne respectent pas Ă 100 % des obligations, mais qui permettent aux investisseurs dâavoir compris lâessentiel.
Une pratique qui non seulement a Ă©tĂ© comprise et admise par plusieurs rĂ©gulateurs lors dâateliers, mais qui nâa fait lâobjet dâaucune sanction dans les entreprises contrĂŽlĂ©es oĂč elle a Ă©tĂ© mise en place.
Mais cette double rĂ©gulation pose des problĂšmes depuis de nombreuses annĂ©es, parce que les organismes se disent incompĂ©tents et prĂ©fĂšrent refiler le sujet Ă leur voisin. Et malgrĂ© les nombreuses campagnes maladroites, inutiles et peu audibles de lâAMF sur les arnaques financiĂšres aux influenceurs, les trĂšs rares sanctions sont venues de la DGCCRF dont jâai parlĂ© plus haut.
Parce que depuis lâaffaire Booba vs. les influvoleurs37, qui a donnĂ© lieu Ă la fameuse loi Delaporte-Vojetta, la DGCCRF a publiquement donnĂ© le nom de prĂšs de 20 influenceurs aux pratiques douteuses, les obligeant Ă publier leur condamnation sur leurs rĂ©seaux sociaux38, pratique que lâorganisme revendique dĂ©sormais39.
đRTFM
Ă lâoccasion de cette loi, lâAMF avait diffusĂ© un guide40, produit par Bercy. Il commence par un splendide Ă©dito signĂ© par Bruno Le Maire qui Ă©crit :
Et tout le reste du guide ressemble Ă peu prĂšs à ça, avec un mec qui a dĂ» dire Ă ChatGPT : « Ăcris-moi ce document pour les djeuns ». Les 22 pages rĂ©sument la loi. Enfin, rĂ©sument si on veut, vu que le document est plus long que la loi, quâil nâest pas du tout didactique ni opĂ©rationnel, et quâil mĂ©lange des tas de trucs diffĂ©rents (comme le fait de pouvoir signaler un concurrent).
Mais chaque annĂ©e, lâAMF publie son baromĂštre de lâĂ©pargne et de lâinvestissement41, autrement plus intĂ©ressant. Pour mesurer lâĂ©ducation financiĂšre, Audirep pose 3 questions Ă un panel reprĂ©sentatif dâun peu plus de 2000 personnes :
Un taux de rĂ©munĂ©ration infĂ©rieur Ă lâinflation permet Ă lâĂ©pargne dâacheter⊠(plus, moins, pareil) ;
La diversification des placements amÚne un risque⊠(supérieur, inférieur, identique) ;
La hausse des taux dâintĂ©rĂȘt a, sur les valeurs des obligations, un impact⊠(positif, nĂ©gatif, neutre).
Si, globalement, le premier item est compris (60-65 % selon les annĂ©es), le deuxiĂšme lâest beaucoup moins (43-50 %), et pour le troisiĂšme câest le bordel (26-29 %). MĂȘme ceux qui disent sây connaĂźtre en Ă©pargne se plantent massivement sur le troisiĂšme (36 % de bonnes rĂ©ponses) et ont mĂȘme carrĂ©ment un taux de bonnes rĂ©ponses trĂšs infĂ©rieur (55-58 %) sur le premier. Preuve que tout ça est trĂšs dĂ©claratif.
Entre 11 et 13% vont donner la bonne réponse.
Alors, quand certaines marques parlent dâĂ©ducation financiĂšre pour savoir sâil faut un PEA ou un CTO, ou si une action est mieux quâune assurance-vie, câest aussi con que dâapprendre les nombres irrĂ©els en CE2.
Et on pourrait sans doute faire le mĂȘme test avec le taux dâemprunt, dont beaucoup pensent que le coĂ»t est x% x le montant empruntĂ©, les taux directeurs, et pas mal de notions relativement simples mais trĂšs courantes dans la vie financiĂšre.
Câest dâautant plus dommageable que plus de la moitiĂ© des Français disent sâinformer sur lâĂ©pargne. Quant au commentâŠ
Dâun cĂŽtĂ©, on voit un net recul depuis des annĂ©es sur les conseillers institutionnels type CGP ou banquiers, dont lâavis nâa Ă©tĂ© pris en compte que dans Ă peine un quart des cas. Soit quasiment la proportion de gens qui sâinforment auprĂšs de proches.
Ă lâinverse, la proportion de ceux qui sâinforment via les influenceurs, les communautĂ©s ou des cĂ©lĂ©britĂ©s monte en permanence pour atteindre 5 % des Français. Mais surtout 12 % chez les investisseurs actuels, et 14 % chez les 18-24 ans. Câest, certes, trĂšs en deçà des chiffres observĂ©s dans la grande consommation, mais loin dâĂȘtre nĂ©gligeable.
Ce qui peut, en partie, expliquer pourquoi on arrive Ă prĂšs de 15 % des Français qui dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© victimes dâescroquerie en 2024 (6 % en 2022), et, contrairement aux idĂ©es reçues, ce sont particuliĂšrement :
Des hommes (56%) ;
De moins de 35 ans (51%) ;
PlutĂŽt CSP+ (51%).
Soit la cible majeure des influenceurs finance.
đ La communautĂ© de lâabo
Câest bien pour ça que la campagne de Trade Republic de 2022 doit faire rĂ©flĂ©chir.
Parce quâelle fait intervenir des personnes utilisant un storytelling (possiblement vrai) efficace pour faire passer les arguments commerciaux de la marque, sans expliquer que ce discours est tĂ©lĂ©guidĂ©, et sans indiquer les risques, pourtant rĂ©els.
Si je fais ici longuement mention (et câest pas fini) de Trade Republic câest parce que la marque est depuis 2 ans la plus prĂ©sente. Sans doute parce que câest elle qui a le plus dâargent, mais aussi parce quâelle est la plus innovante sur sa communication, il faut bien le dire, efficace et trĂšs adroite en termes de marketing. Le tout pour promouvoir un produit qui, il faut bien le dire Ă©galement, est plutĂŽt intĂ©ressant.
Mais le courtier allemand nâest Ă©videmment pas le seul Ă oublier de parler des risques lors de campagnes dâinfluence.
Ă plusieurs reprises (ici ou ici) jâavais parlĂ© de la problĂ©matique des levĂ©es de fonds communautaires. Parce que le produit est bien plus compliquĂ© Ă comprendre quâune action, les risques bien plus Ă©levĂ©s, alors que la rĂ©glementation est beaucoup plus souple.
En avril 2023, la petite chaĂźne de pokebowl Oh My Poke cherche Ă lever 1.4M⏠pour dĂ©velopper son rĂ©seau de restaurants. SoWeFund accepte le dossier, sur un montant de 600KâŹ. Une landing page42 vante lâinvestissement sans jamais parler des risques Ă lâexception dâune case Ă ouvrir sur lâavant derniĂšre ligne de la page. Elle-mĂȘme relayĂ©e par une publication LinkedIn de SoWeFund sans la moindre mention sur les risques43 qui annonce que 500 personnes ont investi plus de 260KâŹ. Dans une interview lâun des cofondateurs, Julien Boissin, assume le fait de faire appel Ă des influenceurs sujet quâil « connait bien », mĂȘme si cela coĂ»te « un peu dâargent »44. Boissin connaĂźt tellement bien le sujet que dans un autre podcast affirme45 :
« Les influenceurs câest trĂšs encadrĂ©, yâa la DGCCRF tout ça, on peut pas faire nâimporte quoi, surtout quand câest une levĂ©e participative parce que yâa quand mĂȘme lâargent des gens. »
LâopĂ©ration est effectivement relayĂ©e par plusieurs influenceurs LinkedIn qui ont tous Ă©tĂ© payĂ©s bien quâaucun ne le dise. Pas plus quâils ne donnent dâinformations sur les risques (perte en capital et illiquiditĂ©, notamment). AprĂšs quelques remarques, certains ajoutent a posteriori la mention publicitaire, mais Ă la fin de la publication, Ă lâimage de Raibed Tahri46, Sixtine MoullĂ©-Berteaux47, Chris Scholly48, Hugo Bentz49 ou Ruben Taieb50. Jâen avais dâailleurs vaguement parlĂ© Ă lâĂ©poque.
« Quand le premier influenceur poste, je me rappelle, câest lead sur lead sur lead, câest incroyable »
MalgrĂ© 4M de vues51, le compteur ne montera pourtant jamais plus haut, et le financement ne sera jamais atteint. Mais le podcast annonce que la marque a levĂ© 3M⏠« grĂące aux influenceurs LinkedIn »52, propos confirmĂ©s par Julien Boissin . Ă aucun moment il nâexplique que la levĂ©e nâa jamais eu lieu.
En rĂ©alitĂ© lâentreprise va dĂ©jĂ trĂšs mal, et la cessation de paiement sera prononcĂ©e le 31 mai 2023, soit tout juste un mois aprĂšs le dĂ©but de la levĂ©e, et 2 mois avant son podcast53. Le 30 janvier 2024, la liquidation judiciaire de la holding qui devait lever est prononcĂ©e. Sur les 11 sociĂ©tĂ©s filles qui gĂšrent les restaurant, 8 ont Ă©tĂ© liquidĂ©es en 2024 et 1 nâa plus dâĂ©tablissement. Il ne resterait a priori plus quâun seul restaurant, rue de Washington Ă Paris.
Depuis, lâexpĂ©rience complĂštement disparu du CV de Julien Boussin, qui a orientĂ© son profil sur⊠lâaccompagnement LinkedIn.
Au moins, personne nâaura perdu dâargent. Ce qui nâest pas le cas de certaines levĂ©es communautaires, comme celle de Masteos dont jâavais racontĂ© longuement lâhistoire.
đČPlus vert que vert
Mais pour autant, cela ne veut pas dire, ni que le produit est nul, ni mĂȘme que lâintention est mauvaise.
En dĂ©cembre 2024, la youtubeuse Amistory, spĂ©cialiste des rĂ©seaux sociaux, publie une excellente enquĂȘte de 40 minutes sur les escrocs Ă la formation qui vendent richesse et libertĂ©54.
Cette vidĂ©o est sponsorisĂ©e par la fintech Green Got. Câest parfaitement identifiĂ© avec :
La fonctionnalité native « Inclut une promotion rémunérée » ;
Le texte « Collaboration commerciale » en haut Ă gauche de lâĂ©cran quand la vidĂ©o parle de Green Got ;
Un code promo affichĂ©, utilisable sur un lien dans la description (certes non signalĂ© comme affiliĂ©, mais câest quand mĂȘme assez clair).
Comme dans chaque partenariat, le crĂ©ateur dĂ©roule le discours de la marque. Et celui de Green Got est parfois bancal, voire mensonger, jâen ai parlĂ© plusieurs fois (ici ou ici). Amistory le dĂ©roule par exemple en parlant des dĂ©pĂŽts des banques qui servent au financement :
« Le problĂšme câest que câest majoritairement des projets qui sont nocifs pour lâenvironnement. »
Câest un peu faux et a minima exagĂ©rĂ©. Puisque si certaines banques soutiennent massivement le fossiles, et quâon le voit dans leur bilan carbone, rien ne permet de dire quâelles soutiennent « majoritairement » des projets problĂ©matiques. Mais Julie Jouanne, lâagent dâAmistory qui a mis en place lâopĂ©ration, explique pourquoi, en joignant plusieurs sources sĂ©rieuses :
« Notre travail en tant quâagent de crĂ©ateur est de nous assurer que les contenus qui sont diffusĂ©s sont bien en accord avec la loi influence. [âŠ] Nous faisons attention aux arguments mentionnĂ©s et nous nous appuyons au maximum sur les Ă©lĂ©ments fournis par la marque. »
Peu avant, câĂ©tait Cyrus North qui faisait la rĂ©clame de Green Got dans une vidĂ©o55 (oĂč il est clairement Ă©crit que câest une publicitĂ©). Il est cette fois question du fameux « x⏠= x tonnes de CO2 / an», argument autrement utilisĂ©, puis abandonnĂ© par son concurrent Helios, qui nâest rien dâautre que du greenwashing.
Ce calcul, fait par Rift selon des donnĂ©es de Carbone4 Finance dit en gros que 1000⏠= 0,5t de CO2 / an, que le dĂ©pĂŽt moyen est de 14K⏠soit 7t de CO256. Sauf que le mĂȘme Carbone4, comme lâAdeme, annonce environ 10t de CO2 / an / personne57, et que le sujet bancaire est anecdotique. Alors, what is the bins ?
Sur le fond, yâa pas tellement de rĂ©ponse, de pourquoi dâun cĂŽtĂ© un organisme calcule ce chiffre, et de lâautre ne le met pas dans dâautres calculs58.
Ce qui est nĂ©anmoins intĂ©ressant, câest que le statut dâagent de PSP59 est la « rĂ©ponse la moins idĂ©ale pour le climat » selon les mots de Carbone4, puisque les fonds arrivent en rĂ©alitĂ© dans une banque (Arkea pour Green Got, CrĂ©dit Agricole pour Helios).
Pour faire simple, le calcul prend en compte le bilan carbone des investissements dâune banque, le divise par les dĂ©pĂŽts et permet de voir combien, relativement, chaque dĂ©pĂŽt finance. Et donc de comparer lâintensitĂ© carbone des banques. Ce qui nâest pas forcĂ©ment exact, mais parfaitement comparable, et câest lâessentiel.
LĂ oĂč ça devient un mensonge, quâon appelle sophisme de rĂ©ciprocitĂ©, câest de faire croire que si 1 000 ⏠= 0,5 t/an dans une banque X, alors si je retire mes 1 000 âŹ, je retire 0,5 t. Parce que les banques nâutilisent pas toute leur capacitĂ© Ă produire du crĂ©dit. Donc si je retire mes fonds, je retire une partie de la capacitĂ© Ă financer de la banque, mais ça nâenlĂšve rien de lâatmosphĂšre, et ça ne produit pas forcĂ©ment moins de carbone non plus.
Lâautre point problĂ©matique se situe plus loin dans la vidĂ©o dâAmistory :
« Tu sais que ton Ă©pargne est rĂ©munĂ©ratrice, avec des taux de rendement allant jusquâĂ 9,44% sur leur assurance-vie. »
En support de lâaffirmation apparaĂźt une image du site internet, elle aussi parfaitement problĂ©matique.
La mention sur les performances passĂ©es est minuscule et avec un contraste faible, alors que le terme « grandir » est soulignĂ©, en gros, et les performances sont surlignĂ©es en jaune. On est clairement dans ce que lâAMF avait dĂ©jĂ sanctionnĂ©.
Lâassurance-vie Green-Got a Ă©tĂ© lancĂ©e en mars 2024, donc parler des performances 2023 est un non-sens ;
Le chiffre est visiblement un back-track, dont le résultat évolue avec le temps, sur un profil en particulier ;
Et surtout il nây a pas la moindre mention du risque de perte en capital sur la vidĂ©o, bien que la mention ait Ă©tĂ© glissĂ©e dans la description, qui nĂ©cessite un clic.
En aout dernier, câest lâexcellent Simon Puech60 qui faisait, en toute lĂ©galitĂ©, la rĂ©clame de Green Got Ă lâoccasion dâune trĂšs cool vidĂ©o sur Kerviel. Pour le coup la promo parle de lâassurance-vie et du compte, sans le moindre claim problĂ©matique, et sans parler de rendement. Tout en faisant passer un message clair.
Comme quoi : câest possible !
Et tout aussi impactant.
đïž Achetez moi ce stylo !
Mais depuis un long moment, Green Got enchaĂźne une communication extrĂȘmement agressive. En octobre dernier, jâavais dâailleurs (en toute bienveillance) fait la remarque en privĂ© Ă lâun des fondateurs qui mâavait dit quâil allait « ajuster » mais quâil nây avait « rien de mĂ©chant ».
La publication61, plutĂŽt maligne et rigolote sur la forme, parle de lâinflation qui bouffe le pouvoir dâachat, oĂč le community manager parle directement au lecteur.
Chacun aurait perdu 3â009⏠lâannĂ©e derniĂšre (sur la base de 10KâŹ) ;
Alors quâĂ 2% de plus que lâinflation, vous auriez eu 13,9K⏠;
Que lui a placĂ© 5 K⏠sur lâassurance-vie Green Got ;
Quâil a dĂ©jĂ gagnĂ© 0,5 K⏠en 7 mois (en prĂ©cisant que les perfs passĂ©es, etc.).
Alors que :
Un placement qui dĂ©passe de 2 points (plutĂŽt que 2%) lâinflation en 2023, câest 7%, alors que le garanti oscille entre 3 et 4% ;
Quâon mĂ©lange risquĂ© et garanti ;
Quâon nâexplique jamais quâil y a un risque de perte (un PPS a Ă©tĂ© ajoutĂ© suite Ă la remarque) ;
Quâon parle dâune performance sans rien savoir dâoĂč elle vient, aprĂšs seulement 7 mois.
La publication est likĂ©e plus de 3â000 fois sur Instagram et prĂšs de 500 fois sur LinkedIn. Un client sâĂ©tonne dâailleurs de ne pas avoir la mĂȘme performance. Sa remarque est intĂ©ressante, non pas parce que Green Got mentirait ou que leur produit ne serait pas bien, mais parce quâelle montre la problĂ©matique dâune communication trop en dĂ©calage avec la rĂ©alitĂ© :
Peu aprÚs, Green Got communiquait massivement sur sa levée de fonds en private equity via Crowdcube, là encore sans la moindre notion de risque ou de liquidité. Et depuis, leur site internet continue de communiquer sans le moindre disclaimer :
Home du site de Green Got avec utilisation du terme « durable », pourtant banni par la plupart des régulateurs, mais surtout le mot « rentable et serein », puis « grandir votre épargne ».
Sur le deuxiÚme écran, la mention citée sur la vidéo est carrément devenue « double profit », tout en parlant de « performance solide ».
Une problĂ©matique quâon retrouve en partie chez le concurrent direct Helios :
Mais pas chez Goodvest qui a su se détourner de la contrainte en ne parlant pas de performance dÚs les premiers mots :
Tout en ajoutant les mentions adaptĂ©es dĂšs quâil est question de performances.
Plus largement, ce problĂšme de risque est prĂ©sent chez de trĂšs nombreux acteurs. Si, comme je le mentionnais avant, des fintechs comme Bricks.co ont clairement pris le sujet en main en affichant les risques, jâavais Ă©voquĂ© le non-respect de ces mentions chez Blast lâannĂ©e derniĂšre.
Dans son assignation pour diffamation contre Zero Bullshit62, Blast avait dâailleurs insistĂ© sur ce sujet. Dans sa mise en demeure, la marque indiquait :
« Contrairement Ă vos dĂ©clarations concernant une (prĂ©tendue) absence de mention des risques sur le site de Blast, celle-ci se trouve reproduite Ă plusieurs endroits : (i) en bas de la page dâaccueil, (ii) en bas de la page âLe Clubâ et (iii) en bas de la page âComment ça marcheâ, ainsi que dans la documentation contractuelle propre Ă chaque opĂ©ration. »
Des éléments repris dans ses conclusions :
« Il est ainsi prĂ©tendu quâaucune mention des risques ne serait prĂ©sente sur les pages principales du site internet de Blast ou encore dans les rubriques âHomeâ, âLe Clubâ et âComment ça marcheâ. Cette affirmation est tout simplement mensongĂšre et : câest facilement vĂ©rifiable en consultant le site et les diffĂ©rentes rubriques susvisĂ©es. »
Pourtant la position-recommandation DOC-2023-0563 de lâAMF est claire, et conforme aux dĂ©cisions et positions prises sur dâautres supports financiers :
« Pour ĂȘtre correcte, lâinformation doit prĂ©senter de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e les diffĂ©rentes caractĂ©ristiques de lâoffre. La plateforme s'abstient en particulier de mettre l'accent sur les avantages potentiels de lâinvestissement sans indiquer aussi, correctement et de façon trĂšs apparente, les inconvĂ©nients associĂ©s et/ou les risques Ă©ventuels correspondants (âŠ) Dans ce cadre, il ne peut ĂȘtre admis (âŠ) que la prĂ©sentation des risques du projet dâoffre ou de lâoffre dĂ©taillĂ©e soit uniquement insĂ©rĂ©e en bas dâune communication publicitaire alors que les avantages le sont dans le corps du document (âŠ) Il convient de porter une attention particuliĂšre Ă la typographie utilisĂ©e, notamment la taille de la police de caractĂšre, et aux couleurs employĂ©es pour la communication sur les performances afin d'Ă©viter que cette information ne soit mise au premier plan. A titre dâillustration, lâutilisation de la couleur ou de caractĂšres gras pour la prĂ©sentation des risques contribue Ă le rendre plus visible ».
Or, encore aujourdâhui, Blast parle toujours de « conditions favorables », de « libertĂ© » pour des investissements « Ă partir de 1 000 ⏠» sans parler du risque Ă©levĂ© de perte en capital et de la non-liquiditĂ©, inhĂ©rents au private equity.
La premiĂšre mention des risques intervient Ă la toute fin de la page, dans le footer64. Cela dit, lâargumentation de Blast via leur avocat montre quâeffectivement, lâaffirmation est vraie.
On retrouve exactement le mĂȘme problĂšme chez Trade Republic65, ce qui est particuliĂšrement Ă©tonnant quand on sait quâils viennent dâobtenir une licence bancaire, et que donc, des rĂ©gulateurs ont dĂ» passer par lĂ . On y parle de PEA, dâETF ou mĂȘme de cryptos avec des mots tels que « facile » et « sĂ»r ». LĂ encore, il faut attendre le footer pour voir une mention sur le risque de perte en capital ou la fiscalitĂ© du compte rĂ©munĂ©rĂ©.
En faisant un panorama des plateformes, on constate que les risques sont :
Jamais présents chez les CGP ou les courtiers ;
Quasi-inexistants dans lâimmense majoritĂ© des plateformes cryptos, PSAN inclus ;
Un peu plus présents chez les plateformes de crowdfunding PSFP ;
PlutÎt présents dans les assurances-vie en ligne ;
SurreprĂ©sentĂ©s chez les gĂ©rants agréés par lâAMF et les Ă©tablissements agréés par lâACPR.
Sans doute par peur dâeffrayer le consommateur. Alors quâil suffit de ne pas limiter sa communication principale aux performances pour ne pas avoir Ă massivement afficher les risques.
Pourtant Green Got et Blast sont fintechs sont trĂšs communautaires. Blast se dĂ©finit comme un club, dont les membres sont effectivement trĂšs actifs et dĂ©fendent vraiment la marque (qui a un ton un peu virulent, jâen ai fait les frais). Pareil du cĂŽtĂ© de Green Got, dont les clients sont Ă lâorigine de 35% des ouvertures de compte. Dâailleurs, la fintech ne se dĂ©finit pas comme une fintech mais comme « the movement of a generation ». Et si la phrase peut sembler un peu bullshit et marketing, câest une vraie prouesse que dâavoir des communautĂ©s aussi investies, surtout pour des produits financiers.
Cacher les dĂ©savantages ou travestir la rĂ©alitĂ© devrait ĂȘtre pris comme un risque majeur, quand ton plus gros actif sous gestion, câest la confiance de tes clients.
Cela dit, ça ne devrait pas empĂȘcher (normalement) Green Got dâobtenir sa licence bancaire, sur laquelle elle travaille, comme Lydia pour Sumeria, et que la fintech espĂšre obtenir en dĂ©cembre prochain.
Ca ne remet pas non plus en cause lâintĂ©rĂȘt de ces plateformes qui amĂšnent des solutions diffĂ©rentes de placement ou de gestion dâargent. Dâautant oui, en vrai, votre argent sera toujours mieux chez Green Got ou Helios quâĂ la BNP et son impact sera toujours plus positif.
Mais surtout, on est trÚs loin de ceux qui ont carrément institutionnalisé tout ça.
đ«I Am Legend
Depuis quelques annĂ©es le format du podcast long est devenu Ă la mode. Il y a bien sur ceux qui marchent vraiment, comme La Martingale, mais il y a surtout toute une ribambelle dâinterviews dâ1H, 2H voire 3H qui se promĂšnent sur YouTube ou Spotify, qui plafonnent Ă quelques centaines, parfois milliers, de vue.
Pour voir lâampleur de ces podcasts poubelles, il suffit de taper le nom de ces invitĂ©s quâon voit partout, mais que personne nâĂ©coute rĂ©ellement. Lâun des plus connus, câest Ă©videmment Oussama Ammar, dont lâhĂŽte espĂšre quâil sortira un bon mot ou une bonne histoire, afin de faire parler de son format. Puisque câest ici tout le sujet : en rĂ©alitĂ©, le principe, câest de dĂ©rouler le tapis rouge Ă des gens, histoire de pĂ©cho leur audience et dâexister. Et dâun format Ă lâautre, on retrouve toujours les mĂȘmes zozos, souvent triĂ©s par plateforme dâorigine, pour dĂ©rouler les mĂȘmes banalitĂ©s. AndrĂ©a BensaĂŻd invite Kevin Dufraisse dans Little Big Things, qui lui-mĂȘme va inviter Laurine Bemer, quâon retrouve chez Thibault Louis ou Scalezia de BenoĂźt Dubos, qui reçoit Caroline Mignaux, quâon a retrouvĂ©e juste avant chez AndrĂ©a BensaĂŻd, etc. En gros : prends la liste des sponsos LinkedIn Trade Republic et Oh My Poke, et tâas la moitiĂ© des invitĂ©s de podcasts business.
Pour autant, Ă lâinstar de La Martingale, certains ont dĂ©cidĂ© dâinviter des gens diffĂ©rents, pour raconter des histoires diffĂ©rentes, et parmi eux, Legend. LâĂ©mission (vidĂ©o et audio) est prĂ©sentĂ©e par Guillaume Pley, ex-star dâNRJ passĂ© par M6. DĂ©bauchĂ© pour succĂ©der Ă Cauet, il Ă©tait en rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ passĂ© par la station, en Belgique, dâoĂč il sâĂ©tait fait virer pour son instabilitĂ©. Ă lâĂ©poque, Pley est une Ă©norme star chez les jeunes, descendant direct de la radio libre, avec tout ce que ça peut comporter de drĂŽle, de grossier ou de graveleux. En milieu de saison 2018, il se fait brusquement sortir par la radio. En larmes, il annonce son dĂ©part de Guillaume Radio aprĂšs 7 ans dâantenne.
Rapidement, lâanimateur rebondit sur YouTube notamment grĂące au soutien de Webedia, oĂč tous ceux qui ont travaillĂ© avec lui le dĂ©crivent comme Ă©tant beaucoup plus dĂ©tendu que les stars autour de lui (Squeezie, Norman, Cyprien, etc.). Ce qui tranche beaucoup avec sa rĂ©putation radiophonique trĂšs dure, oĂč il a fait dĂ©missionner de nombreuses personnes, par Ă©puisement6667.
Mais depuis Legend, qui est un succĂšs dâaudience, Pley est un autre homme, selon une personne qui le cĂŽtoie rĂ©guliĂšrement. PosĂ©, semblant avoir plutĂŽt prĂ©parĂ© ses sujets, lâanimateur sait mettre ses invitĂ©s en confiance, et surtout les choisir, mĂȘme si certains posent question. Je pense Ă une personne dont la vĂ©racitĂ© de la maladie mentale semble peu crĂ©dible, Ă une interview de Nicolas Sarkozy Ă qui il sert la soupe juste avant son procĂšs, ou encore Ă un platiste dont Pley oublie de prĂ©ciser le penchant trĂšs (trĂšs) Ă droite, mĂȘme quand il promeut Civitas ou QAnon.
En aoĂ»t 2023, Legend reçoit Jo Harmendjian, prĂ©sentĂ© comme trader. Il fait partie des dizaines dâinvitĂ©s de la chaĂźne. Certains sont connus et viennent faire leur promo, dâautres comme Jo viennent juste raconter une histoire.
Quand, trois mois plus tard, le cofondateur de RTFKT Samuel Cardillo est invitĂ©68, et câest beaucoup moins clair. Pley se rend Ă DubaĂŻ, chez Samuel, pour lâinterview, qui dĂ©bute par une publicitĂ© pour eBuyClub. Sâil nây a pas de mention de type « collaboration commerciale » qui sâaffiche, câest plutĂŽt clair dans le contenu. Un lien dans la bio renvoie vers RTFKT et fait apparaĂźtre ceci :
Une simple mention gĂ©nĂ©rique ? AjoutĂ©e aprĂšs ? Une demande dâun sponsor ? Ou est-ce que Cardillo ou RTFKT ont payĂ© ?
LĂ oĂč il nây a plus de doute, câest la premiĂšre fois que la mention Business apparaĂźt sur la chaĂźne, en janvier 202469. LâinvitĂ© est Anthony Bourbon70, fondateur de Feed, coanimateur tĂ©lĂ©, qui fait la promo depuis quelques temps dâun club de private equity, Blast.
Mention sous la vidĂ©o lors du 2á” passage dâAnthony Bourbon, avec un lien trackĂ© au nom de Legend qui utilise « Investissement aux cĂŽtĂ©s dâAnthony Bourbon », qui est Ă©galement le 1á”Êł slogan du site de Blast.
Bourbon y dĂ©roule son discours habituel, tapant gentiment sur le systĂšme, et parle longuement de Blast. Ă aucun moment de la vidĂ©o ni dans la description il nâest question de publicitĂ©. Pourtant, il sâagit bien dâun contenu qui a Ă©tĂ© payĂ© et vu plus dâun million de fois.
Ă plusieurs reprises, jâavais interpellĂ© Guillaume Pley sur LinkedIn, et la mention « collaboration commerciale » et le disclaimer gĂ©nĂ©rique du dessus ont fini par apparaĂźtre71. Mais trĂšs loin des obligations lĂ©gales, et surtout⊠la vidĂ©o avait Ă©tĂ© largement diffusĂ©e.
MĂȘme combat avec Matthias Baccino de Trade Republic le mois suivant. La mention de collaboration commerciale en dĂ©but de vidĂ©o sera lĂ encore ajoutĂ©e plusieurs jours (de mĂȘme que la notion de risque) aprĂšs la diffusion de cette vidĂ©o, dont le titre est purement incroyable :
ANCIEN TRADER ET BANQUIER : COMMENT DEVENIR RICHE EN ĂVITANT LES ARNAQUES
Durant toute la vidĂ©o et toute la promo de Trade Republic, qui dĂ©roule le discours habituel, pas la moindre notion de risque, et sans jamais ĂȘtre contredit par Pley qui ne connait pas le sujet.
Prenons un exemple concret, qui permet à Baccino de vendre son produit en déroulant son argumentaire anti-inflation.
« 76 % des Français ne comprennent pas le crĂ©dit immobilier. En ce moment, un taux immobilier moyen, câest 4 %. Mais câest 4 %, PAR AN. »
Il a parfaitement raison sur la problĂ©matique dâĂ©ducation financiĂšre, qui amĂšne beaucoup de gens Ă penser quâun crĂ©dit de 100K⏠à 4 % coĂ»tera 4 000âŹ. Et effectivement, sur 20 ans, le coĂ»t de ton crĂ©dit reprĂ©sente 45 % de ton emprunt, et dans un cas classique avec les diffĂ©rents frais, la moitiĂ© de ton bien.
Baccino est à deux doigts de pleurer et dit avoir « la gorge serrée ».
Pley dit que « ça [il] savait pas ».
On a un beaucoup moment.
MoralitĂ© de Baccino : si tu vends pas ta maison 50% plus cher dans 20 ans, tâas perdu de lâargent. Et lĂ : câest faux, câest stupide⊠et ça va surtout Ă lâencontre mĂȘme du combat anti-inflation de Baccino.
Puisque pendant 20 ans, tu vas rembourser avec de lâargent que tu gagnes en ce moment, un montant ancien : lâinflation joue donc en ta faveur. Parce quâelle a globalement augmentĂ© les salaires et les prix, donc aussi celui de ta maison.
Ensuite, et contrairement Ă ce que hurlent tous les neuneus qui ont trop lu Kiyosaki, ta maison est un actif, et tâendetter pour lâacheter, ce nâest pas juste un passif dans le vent : chaque mois, tu capitalises pour un actif que tu as dĂ©jĂ . Venant de quelquâun qui prĂŽne la fin de la retraite par rĂ©partition pour une retraite par capitalisation, câest un peu dommage.
Enfin, quoi quâil arrive, pendant 20 ans, tu auras bien dĂ» te loger. Soit tu paies un loyer, soit tu paies un crĂ©dit (en gros). Selon les cas, les rĂ©gions, la durĂ©e de dĂ©tention, etc., lâun peut ĂȘtre plus intĂ©ressant que lâautre.
Ce nâest pas anodin, parce que cette Ă©mission (comme toutes les autres citĂ©es avant) permet de faire tourner la mĂȘme petite musique : investir en bourse, câest mieux.
Le tout pour faire la promo dâun CTO72, alors mĂȘme que ce nâest clairement pas lâenveloppe la plus avantageuse pour un Français. Un discours dâailleurs relayĂ© par de nombreux ambassadeurs de la marque, dont certains CGP/CIF, sur LinkedIn ou YouTube, qui oublient souvent/parfois dâexpliquer quâils sont payĂ©s pour parler du courtier.73
Selon Guillaume Pley lui-mĂȘme, la vidĂ©o aurait gĂ©nĂ©rĂ© 100â000 ouvertures de comptes Trade Republic.74
Au moment de ce relais, Zero Bullshit avait interpellĂ© Pley sur le manque de mentions lĂ©gales, de mĂȘme que Alexandre LefĂšvre dâInvestissement Faciles.
La mention « CoopĂ©ration commerciale » Ă©tait bien au milieu de la description, mais Ă la publication, lâoption « Partenariat rĂ©munĂ©rĂ© » nâĂ©tait pas activĂ©e (câest le cas aujourdâhui). Par contre, aucun des formats courts (TikTok, Instagram, YouTube Shorts) ne comporte la moindre indication, ni publicitaire, ni sur les risques.
Et parce que câest justement une publicitĂ©, Guillaume Pley demande Ă Baccino de dĂ©rouler son discours et ne revient jamais sur ses dĂ©clarations. Quand il parle, par exemple, de son compte Ă 4 %, alors quâil a plusieurs fois dĂ©nigrĂ© le Livret A (3 %), il oublie de prĂ©ciser que son placement est fiscalisĂ© (flat tax 30%) et affiche donc 2,8%. Soit moins que le Livret A75. Ce qui, en vrai, se justifie : le Livret A est plafonnĂ© Ă 23KâŹ. Mais lâomission non relevĂ©e montre Ă quel point il sâagit bien dâune publicitĂ©, et en aucun cas dâun contenu Ă©ducatif ou journalistique.
Les autres formats Business ont des mentions trĂšs disparates76. En mars 2024, lâantiquaire et animatrice Caroline Margeron vient raconter sa vie pendant 1 h 10 dans un format Legend Business, qui est donc sans doute, lĂ encore, une publicitĂ©, jamais dĂ©clarĂ©e. Le mĂȘme mois, Warner paye Legend pour faire parler Christian Clot afin de promouvoir Godzilla x Kong, avec des mentions claires. Ils feront pareil avec Marwan Mery venu faire la promo de Trap.
De la mĂȘme façon, quand Revolut paye pour faire passer Antoine Le Nel devant 230K personnes ou que lâOrdre de Malte achĂšte un passage (relayĂ© sur LinkedIn oĂč Pley se fĂ©licite de « mettre en avant le bien [âŠ] Ă travers cette collaboration commerciale »77). Ou encore quand le formateur Christopher Wangen achĂšte son vidĂ©o.
Mais quand Justin Hutteau vient parler de Respire en mai 2024, Pley explique quâ« on va parler entrepreneuriat » et que câest pour ça que câest un « format business ». Pas la moindre mention de publicitĂ©, lĂ encore, ni dans la vidĂ©o, ni dans la description.
MĂȘme histoire quand la trĂšs controversĂ©e Clara Gold et son appli de rencontre Gigi, que certains comparent Ă un « Oussama Ammar au fĂ©minin », achĂšte son passage en aoĂ»t, pas la moindre mention. Le relais LinkedIn de la vidĂ©o sâappelle sobrement « Comment gagner 12 000 ⏠/ mois ? »78.
Et si en novembre, toutes les mentions sont assez claires lors du passage dâAlexandre Roubaud de Bitstack, la vidĂ©o laisse songeur. Sommairement prĂ©parĂ©, Pley ne prĂ©cise jamais les risques alors quâil sâagit dâune promo de Bitcoin pendant 1H22. MĂȘme si, soyons honnĂȘtes, il nây a pas de mentions mensongĂšres ou de type « devenez riches ».
Et câest le mĂȘme sujet quand Blast paye Ă nouveau Legend (et câest Ă©crit) en janvier 2025 pour faire passer Eric LarchevĂȘque puis Rand Hindi79. Entre deux anecdotes de LarchevĂȘque, il est bien question de promouvoir le Bitcoin, lĂ encore sans parler de risque, ou encore de private equity pour faire la promo de Blast, toujours sans risque. Tout ça quelques jours aprĂšs quâune 2á” interview dâAnthony Bourbon soit publiĂ©e, sans la moindre mention ni publicitaire, ni de risque. Quant Ă Rand Hindi, câest peu dire que les commentaires sont acerbes, mais ça reste un choix Ă©ditorial.
Sâil est imaginable quâil y ait eu des ratĂ©s, surtout au dĂ©but, ce nâest pas possible quâaprĂšs autant dâĂ©pisodes et de rappels, ce soit un simple oubli.
Dâautant que ces oublis sont Ă©galement prĂ©sents sur TikTok ou Instagram. Une grosse partie des contenus y est toujours publiĂ©e sans la moindre mention publicitaire. Dont un extrait donnant des Ă©tapes pour « devenir riche », qui est une publicitĂ© pour Blast. Pas plus de trace de mentions publicitaires, quand Pley relaye sur LinkedIn la publicitĂ© avec LarchevĂȘque80, qui sera finalement retirĂ©e rapidement81.
Dâautant que ces contenus sont massivement dĂ©coupĂ©s et repris un peu partout dans des formats trĂšs courts, sans Ă©videmment que Legend nâen soit responsable, puisque câest une violation de sa propriĂ©tĂ© intellectuelle.
Legend est aujourdâhui clairement un mĂ©dia qui se sert de son audience venue Ă©couter des formats (souvent intĂ©ressants) Ă©ditoriaux, pour y glisser de la publicitĂ© dĂ©guisĂ©e, et faire illĂ©galement la promotion de produits financiers rĂ©glementĂ©s.
Et tout le monde sây retrouve.
Legend, qui facturait 10â000⏠pour les premiĂšres vidĂ©os, 60â000 ⏠ensuite, puis 90â000⏠depuis quelques mois. Les annonceurs qui, selon lâavis de deux dâentre eux, sây retrouvent en termes de conversions. Les plateformes de diffusion, pour qui ça gĂ©nĂšre du trafic.
Mais quâen est-il des investisseurs et Ă©pargnants, clairement trompĂ©s, pour lesquels on a sciemment ignorĂ© toutes les protections mises en place pour eux ?
On parle ici du premier podcast francophone82.
SollicitĂ©, Guillaume Pley nâa pas rĂ©pondu aux questions.
đ La petite bĂȘte qui monte
Mais Ă©videmment, Legend nâest pas le seul. Depuis plusieurs annĂ©es, M6 sâest imposĂ©e comme le tremplin des fintechs.
En janvier 2022, Bricks passe dans Capital83. RĂ©guliĂšrement cette Ă©mission Ă©conomique met en avant des produits ou des solutions. Quand il a Ă©tĂ© question de Prello lâannĂ©e derniĂšre, pour le service dâachat progressif, on peut se dire quâon est dans une zone grise, parce que câest une sorte de crĂ©dit, et pas vraiment un placement. Mais ici, Bricks est clairement prĂ©sentĂ© comme une alternative qui permet dâinvestir en immobilier Ă partir de 10âŹ. Ce qui est factuellement faux : Bricks Ă©met des royalties et on investit globalement dans Bricks, a peu prĂšs dans une fonciĂšre, mais en aucun cas dans lâimmobilier. Ce qui a eu son importance quand les performances se sont trĂšs largement dĂ©gradĂ©es, au point que lâAMF intervienne.
Reste que M6, Ă aucun moment, nâa mis en avant les risques. Et que Bricks a croulĂ© sous les inscriptions, au point que le site a Ă©tĂ© indispo pendant un moment.
Câest Ă©galement sur M6 quâa lieu rĂ©guliĂšrement le jeu tĂ©lĂ© Qui veut ĂȘtre mon associĂ© ?, oĂč des investisseurs annoncent en quelques minutes mettre de grosses sommes dans des boĂźtes. Comme si ĂȘtre VC, câĂ©tait un oral de quelques minutes. Ă lâoccasion de la newsletter sur Blast, jâavais dâailleurs longuement expliquĂ© que nombre de ces deals ne se font jamais et plusieurs tĂ©moignages fleurissent sur LinkedIn depuis quelques semaines. Pas par mensonge, mais justement parce quâun deal ne se fait pas en quelques minutes Ă la tĂ©lĂ©. Pourtant, câest clairement le succĂšs du programme qui a permis le lancement, Ă©galement Ă succĂšs, du Blast Club.
Le 6 janvier 2025, la chaĂźne envoie un communiquĂ© de presse pour parler du deal entre M6 PublicitĂ© et Trade Republic84. Pendant 2 mois, la chaĂźne va diffuser Capital Ăpargne, pour surfer sur la marque Capital, du lundi au vendredi Ă 20 h 20, prĂ©sentĂ© par Julien Courbet. Pour Baccino il sâagit de « permettre Ă chacun de prendre le contrĂŽle de son avenir financier en sâattaquant aux idĂ©es reçues sur lâargent qui empĂȘchent trop souvent les gens dâatteindre une stabilitĂ© financiĂšre Ă long terme ».
Le 1er épisode est une attaque en rÚgle contre le systÚme :
De retraite par rĂ©partition (« Il nây a plus assez de cotisants vs. bĂ©nĂ©ficiaires »)
Lâinflation tape dans ton Ă©pargne (avec un giga raccourci : « Votre pouvoir dâachat baisse » et « Avec la mĂȘme somme, vous pouvez acheter moins de choses »)
Puis fait peur avec de « probables hausses dâimpĂŽts Ă venir »
Avant de finir sur le triplement de la dette publique.
Oulala. Mais « pas de panique », dit la vidĂ©o, « chacun peut sây mettre Ă son rythme ». Ouf. Sâensuit la tronche de Courbet, et Trade Republic nâest jamais clairement citĂ© comme Ă©tant la solution. Mais franchement, on nâest pas loin de la dĂ©sinformation.
Impossible de trouver des traces du programme ou de sa diffusion sur M685, mais les épisodes sont bien sur le YouTube de Trade Republic. On retrouve86 :
LâĂ©pisode susmentionnĂ©
L'inflation dĂ©vore-t-elle votre Ă©pargne ?, dont la conclusion est quâil faut placer son argent pour Ă©viter de perdre du pouvoir dâachat.
Les frais : arrĂȘtez de jeter votre argent par les fenĂȘtres, oĂč Courbet incite Ă demander les frais Ă son banquier (si vous avez 5 minutes de plus, demandez Ă Trade Republic comment ils gagnent de lâargent grĂące au PFOF87, trĂšs contreversĂ©88).
Avoir le beurre et lâargent du beurre avec le budget 50/30/20 ?
Un sou est un sou : apprenez Ă optimiser vos dĂ©penses !, oĂč il est question de gagner de lâargent grĂące au cashback (que propose une offre de Trade Republic).
La puissance des intĂ©rĂȘts composĂ©s : le temps, câest de lâargent ?
Ăpargner, investir ou trader : apprenez Ă faire la diffĂ©rence !, oĂč il sâagit dâexpliquer quâĂ©pargner ne rapporterait rien, que trader ferait forcĂ©ment perdre de lâargent, et quâil faudrait investir, le terme justement utilisĂ© par Trade Republic.
Faire face aux imprĂ©vus grĂące Ă une Ă©pargne de prĂ©caution !, oĂč, Ă©tonnamment, il nâest pas question des comptes rĂ©munĂ©rĂ©s, comme vient de lancer Trade Republic.
Ăpargner et investir avec un petit salaire ? Câest possible !
Votre argent mérite un plan : mieux vaut prévenir que guérir !
Ces dix premiers épisodes ne sont pas honteusement faux. Mais au milieu de conseils basiques et bien sentis (répartition, matelas de sécurité, etc.), il y a clairement une orientation des messages destinés à aller dans le sens de Trade Republic.
Ăvidemment : câest le principe dâune publicitĂ©.
Cela dit, on voit ici en quoi le sujet de lâĂ©ducation financiĂšre est problĂ©matique et biaisĂ©. Dâautres acteurs pourraient parfaitement dire quâil vaut mieux investir dans le private equity, pour financer lâĂ©conomie rĂ©elle. Ou remplir son Livret A, par fiertĂ© nationale. Ou opter pour la crypto, pour limiter son exposition au systĂšme bancaire. Ou filer chez une nĂ©obanque verte, pour ne plus financer le pĂ©trole. Ou tenter dâaugmenter son salaire, pour avoir une meilleure retraite. Ou devenir indĂ©pendant et investir pour sa propre retraite. Ou, Ă lâinverse, se gaver en contrat Madelin.
Si lâĂ©ducation financiĂšre nâexiste pas, câest parce que ceux qui la promeuvent veulent le faire dans leur propre intĂ©rĂȘt.
Si on Ă©tait objectif, on devrait expliquer aux gens pourquoi le Livret A est toujours en dessous de lâinflation. Parce quâil est justement garanti. Parce que le garanti est indexĂ© sur les taux des banques centrales. Mais en expliquant ça, on comprend aussi que le garanti Ă©volue. Et quâun produit Ă 4 % quand le garanti est Ă 1 % est complĂštement diffĂ©rent du mĂȘme produit Ă 4 % quand le garanti est Ă 3,5 %. Et donc que tous les gens qui ont tapĂ© sur les Livrets A pendant des annĂ©es, gĂ©rants de SCPI en tĂȘte, ont menti et pris les Ă©pargnants pour des cons.
De la mĂȘme façon que Trade Republic explique pourquoi les banques prennent les clients pour des cons en ne rĂ©munĂ©rant pas les comptes courants alors mĂȘme quâeux obtiennent une rĂ©munĂ©ration de la BCE pour leurs propres dĂ©pĂŽts.
Le courtier a raison.
Les banquiers nâont, effectivement, pas vraiment envie que ça se sache.
Câest clairement du storytelling.
Les épargnants en sortent, plutÎt gagnants.
SollicitĂ©, Matthias Baccino nâa pas rĂ©pondu.
đ One fee to rull them all
Et on touche ici toute la difficultĂ© du problĂšme : le cĆur de mĂ©tier des sociĂ©tĂ©s commerciales est de vendre pour gagner de lâargent. Que leur mission soit bonne/mauvaise, positive/nĂ©gative, est un jugement de valeur quâil est difficile de rendre objectif.
Je pense pour ma part que Bourse Direct a permis de rendre moins cher lâinvestissement cĂŽtĂ©. Que Boursorama a dĂ©mocratisĂ© tout ça et lâa rendu plus simple. Et que Trade Republic a amenĂ© une nouvelle expĂ©rience encore plus accessible et ludique. Mon avis : câest plutĂŽt une bonne chose.
De la mĂȘme façon, je crois que les nĂ©obanques (Revolut, N26, etc.) ont achevĂ© ce que les Ă©tablissements traditionnels nâavaient pas rĂ©ussi Ă finir sur leurs propres banques en ligne. Et que les agents de PSP verts (Green Got, Helios) offrent une alternative intĂ©ressante, permettant de sortir en partie du systĂšme. Tout comme dâautres acteurs (Goodvest, par exemple) permettent de sâexposer Ă des investissements plus positifs.
Mais peut-on mentir (ou en tout cas enjoliver) pour la bonne cause ?
Je crois que non, pour deux raisons.
1ïžâŁ Moins un client aura conscience des problĂšmes de ce quâil achĂšte, plus il sera relou en cas de problĂšme. Si les investisseurs en SCPI hurlent depuis 2 ans, alors que lâĂąge moyen dâun porteur est supĂ©rieur Ă 50 ans et que beaucoup suivent ça de trĂšs loin, câest parce quâon leur a clairement menti. Des rĂ©seaux bancaires aux CGP, on leur a vendu la SCPI et le bureau comme Ă©tant un truc sĂ»r et dâavenir. Et aujourdâhui, ces distributeurs, gĂ©rants et rĂ©gulateurs se contentent de dire « bah si, les risques Ă©taient Ă la page 63 du DIC que vous avez signĂ© ».
2ïžâŁ Et plus gĂ©nĂ©ralement, ne pas ĂȘtre clean sur sa commâ, surtout quand on veut le faire pour une bonne raison, câest sâexposer Ă un violent retour de bĂąton. Personne nâattend rien des engagements durables dâune PME moyenne qui ne communique pas. Mais beaucoup regardent les rĂ©sultats des actions de Green Got, Time For The Planet ou Lita, pour sâassurer quâils sont conformes aux engagements. Et cela oblige finalement Ă ĂȘtre encore plus clean que les autres, juste parce que plus de gens regardent. Autant chez les supporters, que chez les dĂ©tracteurs.
Cela crée une vraie distorsion de concurrence, entre ceux qui veulent bien faire, qui appliquent la réglementation et qui diminuent donc leur efficacité marketing, et ceux qui se la jouent Far West.
Mais lĂ encore, câest un mauvais calcul Ă long terme.
Si Corum ou SogĂ©nial ont Ă©tĂ© condamnĂ©s pour leurs pratiques marketing, et que possiblement dâautres le seront un jour, ces gĂ©rants ne pourront pas ĂȘtre tenus responsables des Ă©ventuelles pertes, un jour. Câest dâailleurs la rĂ©ponse qui est faite aux Ă©pargnants qui se plaignent des pertes chez Primonial, Amundi ou dâautres SCPI vaseuses : la rĂ©glementation a Ă©tĂ© respectĂ©e.
Effectivement. Ces gĂ©rants et leurs distributeurs ont donnĂ© de jolies plaquettes, validĂ©es par des RCCI et leurs 30 compliance managers, fait signer de jolis KYC, donnĂ© des KID, des DIC, des DICI, des DER et autres joyeusetĂ©s de la rĂ©glementation PRIIPS, et puis des BT, des RA, des BS, des notes dâinformations, des statuts et jâen passe et des moins funs.
Câest ce qui fait quâaujourdâhui, tout le monde est protĂ©gĂ© : gĂ©rant, distributeur, rĂ©gulateur. Mais pas le client.
Ă lâinverse, les cowboys dâaujourdâhui pourraient bien le payer demain. Je ne souhaite aucun krach aux acteurs citĂ©s, ni aux nombreuses concurrents moins mĂ©diatiques quâils ont et que je nâai pas citĂ©. Mais en cas de problĂšme, ils pourraient ĂȘtre tenus directement responsables par les rĂ©gulateurs.
Finalement, on a lâimpression de se retrouver entre deux Ă©poques.
Lâancien monde, qui prĂŽne avant tout la sĂ©curitĂ©, pour qui lâinnovation doit passer par le principe de prĂ©caution, quitte Ă rester embourbĂ© ;
Le nouveau monde, dynamique et enthousiaste, qui veut renverser la table, considĂ©rant que chaque contrainte est une atteinte Ă sa capacitĂ© de diffĂ©renciation et dâinnovation.
Je ne ferai pas lâaffront de conclure avec un sophisme du juste milieu, qui donnerait lâillusion dâune possible neutralitĂ©. Ăa nâexiste pas.
Mais la question quâon devrait peut-ĂȘtre se poser, câest : qui est en capacitĂ© de dire ce qui est bien pour les investisseurs français ?
Les rĂ©gulateurs, qui veulent surtout protĂ©ger un monde (et des intĂ©rĂȘts) quâils connaissent ?
Les innovateurs, qui veulent surtout dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts commerciaux ?
A dĂ©faut dâavoir les rĂ©ponses, jâaurai au moins tenter de cerner le problĂšme.
SollicitĂ©e, lâAMF a indiquĂ© ne pas souhaiter rĂ©pondre aux questions.
Ni lâACPR, ni la DGCCRF, ni lâARPP nâont rĂ©pondu aux sollicitations.
Je mâappelle Benjamin Charles, et je fais du conseil en branding, positionnement et crĂ©ation de contenus pour des entreprises de la finance, de lâimmobilier et du web3.
đ Me contacter, ou rĂ©pondre Ă ce post : benj@mincharl.es
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Enfin tu peux toujours me suivre sur LinkedIn, suivre Zero Bullshit ou MĂšmes financiers pour rigoler.
Prestataires de Services sur Actifs Numériques
Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes
"Jâaccepte mon erreur": le youtubeur TheKairi78 Ă©pinglĂ© par la rĂ©pression des fraudes pour une vente douteuse de NFT, Raphael Grably, BFM TV, 12 dĂ©cembre 2024
En rĂ©alitĂ© il Ă©tait aussi question de la promotion dâune plateforme frauduleuse mĂȘme si la story nâen parlait pas directement.
Bitcoin : lâinfluenceuse Nabilla a payĂ© 20.000 euros dâamende, Sandra Mathorel, Les Echos investir, 28 juillet 2021
Qui est Julien Bert, cet influenceur sulfureux épinglé par la Répression des fraudes ?, Klara Durand et Margot Ruault, Le Figaro, 21 juillet 2023
Quand les arnaques aux produits financiers en ligne ciblent les jeunes, Capucine Cousin, LâAgefi, 7 juillet 2022
Lâexemple de cette newsletter est pris parce quâelle est exposĂ©e et rĂ©guliĂšrement citĂ©e dans les mĂ©dias.
Caroline Jurado nâest pas la seule influence Ă avoir parler de Bitget, ni fait la promo dâOval3, mais elle est celui qui est le plus revenus dans les articles. (ici
Lutte contre le blanchiment d'argent et du financement du terrorisme
Distribution du valeur de marché
Taux de rendement interne
Sans quâil nây ait forcĂ©ment de lien direct entre ma premiĂšre publication sur le sujet, et lâintervention de lâAMF quelques jours aprĂšs.
Indicateurs de performance, Bricks
Note conflit dâintĂ©rĂȘts : jâai passĂ© plusieurs entretiens professionnels avec Matthias Baccino pour Trade Republic durant lâĂ©tĂ© 2021 qui (me semble tâil) se sont soldĂ©s par un refus. Ces rendez-vous nâont pas la moindre influence sur mon avis ou mon analyse.
Lâinfluence marketing dĂ©barque sur LinkedIn pour le meilleur⊠ou le pire ?, Minted, 21 septembre 2022
Ce que tout le monde devrait savoir sur l'argent et lâinvestissement (avec Matthias Baccino), Matthieu Louvet, Sâinvestir, YouTube, 20 novembre 2024
Cartographie 2024 des marchés et des risques, pages 8 114 130 137 AMF, 28 juin 2024
A la différence de Robinhood, Trade Republic ne permet pas le copy trading.
No Limits? Effects of FOMO and Gamification on Individual Investment Behaviour in Neo-broker Stock Trading, BomnĂŒter, Udo; Kleinselbeck, Brigitte; Reusch, Heiko; Schmidt, Hendrik, SSOAR, 2023
Neo-brokers in the EU: Developments, benefits and risks, ESMA TRV Risk Analysis Orderly Markets, ESMA, 9 juillet 2024
AuprĂšs de 250â000 utilisateurs, dont 34â000 ont Ă©tĂ© exclus afin dâĂȘtre reprĂ©sentatifs.
The effects of trading apps on investment behavior over time, Jonas Freibauer,Silja Grawert, Marc Oliver Rieger, The European Journal of Finance, 19 aout 2024
Fun & Games : investment gamification and implications for capital markets, CFA Institute, 2022
Gaming trading: how trading apps could be engaging consumers for the worse, Lucy Hayes, Stephen OâNeill, Max Spohn, Cherryl Ng https://www.fca.org.uk/publications/research-articles/gaming-trading-how-trading-apps-could-be-engaging-consumers-worse
Loi pour la confiance dans l'économie numérique, 21 juin 2004
Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité
Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes
Affaire Booba-Magali Berdah : on vous rĂ©sume la guerre entre le rappeur et lâagente dâinfluenceurs, Lucas Rojouan, Ouest France, 3 octobre 2023
DĂ©rives des influenceurs : la DGCCRF Ă©pingle la moitiĂ© des stars contrĂŽlĂ©es, certaines pourraient ĂȘtre poursuivies, PamĂ©la Rougerie, Le Parisien, 3 avril 2024
Guide de bonne conduite des Influenceurs, MinistĂšre de lâĂ©conomie et des finances, 1er juin 2023
Accompagner les influenceurs, protĂ©ger les consommateurs, MinistĂšre de lâĂ©conomie et des finances, 1er juin 2023
BaromĂštre AMF de l'Ă©pargne et de lâinvestissement - 2023, dĂ©cembre 2023, AMF
BaromĂštre AMF de l'Ă©pargne et de lâinvestissement - 2024, janvier 2025, AMF
Comment lever grĂące aux influenceurs LinkedIn ?, Conseil de Growth, 1er juillet 2023
Publication de Chris Scholly
Commentaire fait avant la modification :
Publication de Hugo Bentz
Commentaire fait avant la modification :
Le podcast est publiĂ© le 1er juillet 2023 et il nâest pas prĂ©cisĂ© quand il a Ă©tĂ© enregistrĂ©.
« Deviens MILLIONNAIRE » : Jâai enquĂȘtĂ© sur ces Influenceurs qui te manipulent, Amistory, dĂ©cembre 2024
Peut-on restreindre ses désirs pour la planÚte ?, Cyrus North, 9 avril 2023
Faire sa part avec son argent, partie 1 : le compte courant, Carbone 4, 13 février 2024
MyCO2 prĂ©sente un nouveau calcul de lâempreinte carbone personnelle, Carbone4, 11 janvier 2022
Plusieurs personnes interrogĂ©es ont donnĂ© des versions diffĂ©rentes, et qui nâinfluençait de toutes façons pas la rĂ©flexion.
Prestataire de Services de Paiement
Câest le statut actuel dâHelios et Green Got (ou encore Qonto)
Le mensonge le plus cher de lâhistoire, Simon Puech, 13 aout 2024
Publication LinkedIn Green Got, octobre 2024
Blast a assigné à deux reprises Zero Bullshit en 2024 pour diffamation et atteinte au droit des affaires. Blast a été condamné aux dépends dans les deux procédures.
De NRJ à Legend : Guillaume Pley, le buzz ou rien, Romane Lizée, Streetpresse, 10 octobre 2024
«Erreur de communication», «0 sur 20 en gestion de bad buzz»: Guillaume Pley, ancien de NRJ, rĂ©agit aux accusations dont il fait lâobjet, sa rĂ©ponse ne fait pas lâunanimitĂ©, Xavier Verheyden, CinĂ© TĂ©lĂ© Revu, 13 avril 2023
IL CRĂE SA BOITE Ă 9 ANS, DEVIENT MILLIONNAIRE ET POSSĂDE 9 SATELLITES (Samuel Cardillo), Legend, 29 novembre 2023
ENTREPRENEUR : IL GAGNE 100 MILLIONS D'EUROS GRĂCE Ă SON IDĂE D'ENTREPRISE ! (âȘ@anthonybourbon1âŹ), Legend, 24 janvier 2024
Note conflit dâintĂ©rĂȘts : Ă la suite de la newsletters de juillet 2024 sur Blast, Anthony Bourbon a tenu un certain nombre de propos, rĂ©pĂ©tĂ©s, Ă mon Ă©gard qui ont fait lâobjet dâune plainte pour diffamation et dâune autre pour harcĂšlement. Ces faits nâont pas Ă©tĂ© jugĂ©s.
Quelques jours aprĂšs la publication, la sociĂ©tĂ© Blast mâa assignĂ© en rĂ©fĂ©rĂ© Ă deux reprises, pour diffamation et atteinte au secret des affaires. La sociĂ©tĂ© Blast a Ă©tĂ© condamnĂ©e aux dĂ©pends dans les 2 affaires, et notamment Ă 5000⏠au titre des frais de justice.
Ces faits ne rentrent en aucun cas en compte dans lâanalyse des contenus oĂč sont prĂ©sents Anthony Bourbon, Blast ou des personnes qui peuvent leur ĂȘtre associĂ©s.
Sans quâil nây ait forcĂ©ment un lien direct entre mon intervention et lâapparition de la mention.
Depuis janvier 2025, Trade Republic propose également un PEA
Au moment de la diffusion
LA VIE INCROYABLE DE CE FRANĂAIS QUI TRAVAILLE POUR PLAYSTATION AU JAPON (succĂšs, sĂ©ismeâŠ), Legend, 15 novembre 2024
RACEM PDG DE LEGALPLACE: CRĂER SA BOĂTE FACILEMENT, FAIRE 1M⏠AVEC 4000âŹ, LES SECRETS D'APPLE & IKEA, Legend, 11 octobre 2024
Publication de Guillaume Pley, 22 janvier 2025
La publication a Ă©tĂ© supprimĂ©e peu aprĂšs ma remarque sur la non mention publicitaire mais sans quâun lien puisse ĂȘtre affirmĂ©, dâautant que 2 jours aprĂšs Ă©tait rĂ©vĂ©lĂ© lâenlĂšvement violent de David Balland, co-fondateur de Ledger, non loin du domicile dâEric LarchevĂȘque, pour des raisons financiĂšres. Lâinterview YouTube, publiĂ©e une semaine avant, est elle toujours disponible.
Sans que ça ne veuille dire quâil nâa pas Ă©tĂ© diffusĂ©, Ă©videmment.
Au moment de lâĂ©criture de ce passage. Dâautres ont surement Ă©tĂ© publiĂ©s par la suite.
Payment for order flow : rémunération versée par un teneur de marché à un courtier pour lui avoir transmis les ordres de ses clients, souvent en échange de meilleurs prix d'exécution.
The controversy surrounding payment for order flow (PFOF) â where are we heading?, Finnius, 23 novembre 2022































Merci pour l'article bien détaillé. Je suis toujours surpris du fonctionnement de l'AMF qui semblent choisir ses combats, qui va parfois mettre la pression sur un angle d'un domaine pour ensuite laisser certains margoulins faire leur com' sans problÚme toujours dans ce domaine.
Pour sur il y a sans doute une question de budget mais aussi de choix... curieux...
Brillant