💥 Délits d'initié sur fond de prix Nobel
Comment une plateforme de pari a deviné un Nobel avec 10H d'avance.
Bonjour,
Vendredi dernier, pendant que la France découvrait avec stupeur que Lecornu allait succéder à… Lecornu (48H de suspense après une semaine de suspense pour ça), le marché crypto s’offrait son plus beau plongeon de l’année. 20G$ partis en fumée, en à peine un gouvernement Lecornu I. Bitcoin chute de 16%, Ethereum plonge sous les 3,8K$.
Le déclencheur ? Trump balance des tarifs douaniers de 100 % sur la tech chinoise. Pas un décret, pas un projet de loi. Même pas un discours. Juste un message sur son réseau social, devenu organe de propagande officiel. Le tout après plus de deux semaines de shutdown.
Un vendredi mémorable où 1,6M de traders ont appris que « levier x100 » n’était pas forcément une bonne idée. Et au passage, l’occasion de rappeler que les marchés n’ont rien de virtuel, comme le démontre le suicide de Konstantin Galich, plus connu sous le nom de Kostya Kudo. Cet influenceur ukrainien, vendeur de formations crypto, a été retrouvé mort dans sa Lamborghini Urus après s’être suicidé1. Si le lien entre les deux événements n’est pas formellement démontré, il s’agit de la piste privilégiée.
Mais la plus grosse information pourrait être ailleurs : un trader anonyme a empoché 88M$ en 30 minutes, ayant mystérieusement ouvert des positions short massives juste avant l’annonce présidentielle. Un possible délit d’initié ?
Difficile à dire à ce stade. Parce qu’il y a toujours un syndrome du survivant sur ces affaires : si le marché n’avait pas bougé, personne n’aurait réagi à cette information. Mais parce que le marché s’est retourné, tout mouvement fait avant peut paraître suspect.
Cela dit, il y a des raisons d’être vigilants. En avril dernier je racontais déjà sur cette même newsletter les lourds soupçons qui pesaient sur plusieurs positions… quelques minutes avant l’annonce de Trump… sur ces mêmes droits de douane.
Sauf qu’à moins d’une erreur des responsables de ces mouvements, on n’en saura jamais rien. Parce que ceux qui expliquent que tout est public sur la blockchain, et donc que rien ne pourrait être caché, se retrouvent ici face à leurs contradictions pseudo-libertariennes. Ces wallets usent systématiquement de méthodes complexes pour cacher non seulement leur identité, mais aussi les autres wallets ou exchanges (CEX et DEX) auxquels ils pourraient être liés.
Et pendant que tout le monde avait les yeux rivés sur le marché crypto, de bien étranges positions étaient en train d’être prises sur Polymarket. Des dizaines de milliers de dollars affluaient sur le nom de la future prix Nobel de la paix. Près de dix heures avant l’annonce officielle.
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⚡ L’Oracle de Brooklyn
Manhattan, juin 2020. Alors que la ville qui ne dort jamais somnole sous couvre-feu pandémique, un jeune de 21 ans contemple les rues vides depuis son appartement miteux de l’East Village. Shayne Coplan vient de plaquer NYU, comme tous les décrocheurs de génie depuis Gates et Zuckerberg. Sauf que lui ne rêve pas de réseaux sociaux ou de systèmes d’exploitation. Son truc, c’est transformer l’anxiété collective en marché financier.
L’idée lui vient en lisant Robin Hanson, économiste prophète des futarchy, ces démocraties où les décisions seraient prises selon les paris des citoyens plutôt que leurs votes. « Une idée trop bonne pour rester cantonnée aux articles académiques », se dit Coplan. Pendant que le monde entier scrolle frénétiquement Twitter à la recherche du prochain signe de l’apocalypse, lui imagine une plateforme où chacun pourrait littéralement miser sur la fin du monde. Ou du moins, sur sa probabilité.
Polymarket naît ainsi dans le chaos : pandémie, élections américaines explosives, économie en chute libre. Le timing est parfait pour lancer ce qui ressemble à un bookmaker pour névrosés hyperconnectés. Sauf que Coplan ne veut pas être un vulgaire parieur sportif en ligne. Non, lui se voit en architecte de la « sagesse collective », celui qui va enfin prouver que la foule, quand elle met son argent où est sa bouche, prédit mieux l’avenir que n’importe quel expert à cravate.
Le concept est d’une simplicité biblique : transformez n’importe quelle question fermée (« Trump sera-t-il réélu ? ») en marché. Si vous pensez que oui, achetez des parts « Oui » ; leur prix, entre 0 et 1 dollar, reflète la probabilité collective de l’événement. À 65 cents la part « Oui », le marché dit : 65% de chances. C’est la bourse, mais pour l’actualité. C’est aussi, accessoirement, du pari en ligne, mais ça, Coplan préfère ne pas trop y penser pour l’instant.
Le décollage est fulgurant. En novembre 2020, le marché « Trump va-t-il gagner ? » passe de 120K$ à 2,9M$ en deux semaines. Les crypto-bros affluent, séduits par cette nouvelle façon de spéculer sur autre chose que les altcoins, qui étaient déjà l’alternative au Bitcoin. Et ça, avant même que les meme coins ne débarquent (même si au final tout ça cohabitera). Naval Ravikant et Balaji Srinivasan, les gourous de la Silicon Valley libertarienne, mettent 4M$ au pot. Polychain Capital ouvre le chéquier.
Rapidement, la plateforme migre sur Polygon pour éviter les frais prohibitifs d’Ethereum. Parce que parier sur l’apocalypse, d’accord, mais pas à 50$ de frais par transaction. Puis l’interface se simplifie, les dépôts par carte bancaire arrivent. Polymarket veut séduire au-delà du cercle des initiés qui comprennent ce qu’est un « smart contract ».
Mais c’est l’élection américaine de 2024 transforme Polymarket en oracle moderne. Quand Biden vacille lors du débat de juin, la plateforme lui donne instantanément 70% de chances de se retirer. Les médias traditionnels mettront trois semaines à comprendre. Plus de 3,3G$ s’échangent sur cette seule élection. Nate Silver, le pape des statistiques électorales, rejoint la startup comme conseiller. Validation suprême pour une plateforme qui prétend réinventer la prédiction.
Le submersible Titan disparaît ? Polymarket ouvre un marché. La Russie menace du nucléaire ? Les traders parient. Meta lance Threads ? On mise sur son échec. La plateforme devient ce mélange improbable entre le New York Times et Las Vegas, où chaque gros titre se transforme en opportunité spéculative. C’est cynique ? Sans doute. C’est efficace ? Terriblement.
🎰 Casino Royale
La fête ne dure qu’un temps. Début 2022, la CFTC2 débarque avec une amende de 1,4M$ et un message clair : « Vous êtes un casino illégal, fermez boutique aux États-Unis. » Polymarket accepte, paie, et promet de bloquer les Américains. Problème résolu ? Pas vraiment. Parce que bloquer les Américains d’Internet, c’est comme empêcher les Parisiens de râler : ils trouveront toujours un moyen.
La stratégie de Coplan, « move fast and break things » version paris en ligne, se heurte à la réalité bureaucratique. Pour amadouer les régulateurs, il recrute J. Christopher Giancarlo, ancien patron de la CFTC elle-même. C’est l’équivalent d’embaucher l’ancien directeur de la DEA pour faire passer votre startup de cannabis. Malin, mais pas suffisant.
Le système américain montre ses contradictions : PredictIt, plateforme universitaire, peut opérer avec des plafonds ridicules de 850$ par pari. Polymarket, lui, accueille des mises de plusieurs millions. Devine lequel dérange le plus les autorités ? La plateforme devient le bad boy des marchés prédictifs, celui que tout le monde utilise mais que personne n’ose défendre publiquement.
L’année 2024 tourne au vinaigre. Polymarket donne Trump gagnant quand les sondages traditionnels persistent avec Harris. Les 3G$ misés sur l’élection font de la plateforme un acteur politique malgré elle. Une semaine après l’élection, le FBI débarque chez Coplan à 6 heures du matin. Téléphone saisi, ordinateurs embarqués, perquisition en règle. Le DOJ et la CFTC enquêtent : des Américains auraient contourné le géo-blocage. Quelle surprise.
Coplan crie aux « représailles politiques évidentes ». L’administration Biden sortante voudrait-elle punir la plateforme qui a prédit sa défaite ? L’affaire sent le règlement de comptes entre l’establishment et ces nouveaux oracles numériques qui osent contredire CNN et le New York Times.
Le reste du monde s’y met aussi. La Suisse blackliste Polymarket. Étonnant pour un pays qui a construit sa fortune sur le secret bancaire. La France, l’ANJ3, décrète que c’est illégal. Même diagnostic en Pologne, à Singapour, en Belgique. L’Europe, ce continent qui se gargarise d’innovation mais panique dès qu’une startup bouscule les monopoles d’État, fait front commun contre ces paris 2.0.
Le problème est simple : Polymarket prétend lutter contre la désinformation en créant des incitations financières à dire vrai, mais se retrouve banni partout où la vérité dérange. Les gouvernements adorent parler de « marchés libres » et d’« information transparente », jusqu’à ce qu’un marché libre révèle des informations transparentes qu’ils n’aiment pas.
Puis vient le retournement de situation. Trump est de retour à la Maison Blanche en 2025, et soudain, comme par magie, le DOJ classe l’affaire. La CFTC devient conciliante. Polymarket rachète QCEX pour 112M$, une licence officielle pour opérer aux États-Unis. Le bad boy devient respectable. Donald Trump Jr. rejoint même le conseil consultatif via le fonds 1789 Capital.
Et la semaine dernière, l’apothéose arrive quand Intercontinental Exchange, maison-mère du NYSE, 2G$ dans Polymarket, valorisant la boîte 8G$4. Le jeune fondateur de Brooklyn devient milliardaire à 27 ans. Wall Street embrasse officiellement ce qu’il combattait hier. Les données Polymarket seront vendues aux institutionnels, intégrées à X (ex-Twitter), diffusées sur Stocktwits.
C’est l’histoire éternelle du capitalisme américain : d’abord ils t’ignorent, puis ils te combattent, puis ils te rachètent. Polymarket a survécu à la phase deux. La question maintenant : que devient un oracle rebelle quand l’establishment l’adopte ? Peut-on encore prédire la vérité quand Goldman Sachs possède des parts dans votre capital ?
La régulation des marchés prédictifs révèle une vérité gênante : nos démocraties n’aiment pas qu’on parie sur leur futur. Elles préfèrent le monopole des sondeurs officiels, des experts accrédités, des analystes maison. Qu’une foule de parieurs anonymes prédise mieux les élections qu’Ipsos, voilà qui dérange l’ordre établi. Polymarket n’est pas juste une plateforme de paris ; c’est un miroir tendu à nos sociétés, leur montrant que l’information a un prix, et que ce prix est souvent différent de celui qu’elles voudraient lui donner.
🧠 Marché de dupes
Reste que la promesse d’un bookmaker comme Polymarket est la même que celle de tous les acteurs financiers : proposer de la confiance et une impartialité, certes relative.
Quand un broker vend une action, l’investisseur (et le régulateur) attend de lui qu’il aille lui trouver le meilleur prix, et que la cote affichée ne soit pas en réalité le prix qui arrange le broker. Ce qui est le modèle économique d’une partie des néo-brokers (comme on l’a vu ici avec Trade Republic, ou ici avec Revolut). Cette sincérité est indispensable : tout le monde doit jouer avec les mêmes règles.
Pourtant, il semblerait que ce week-end, au moins trois utilisateurs aient eu des informations que d’autres n’avaient pas. Ou des dons de divination.
Chaque jour, des dizaines, voire des centaines de paris sont mis en ligne sur la plateforme, sur à peu près tous les sujets vaguement médiatiques. Parmi eux : le prix Nobel de la paix. Depuis plusieurs mois, plusieurs prétendants tenaient la corde.
Yulia Navalnaya, économiste russe qui milite pour les droits de l’homme et contre la corruption, connue également pour être la femme d’Alexeï Navalny ;
Abir Haj Ibrahim, activiste syrienne qui milite pour la non-violence ;
Des associations qui viennent en aide aux victimes de la guerre au Soudan ;
Le programme contre la faim (avec un a) de l’ONU, etc.
Sur Polymarket, Navalnaya a fait la course en tête tout l’été, commençant à 18% et terminant entre 8 et 10%, pour 570K€ de paris. Plus étonnamment, c’est Donald Trump qui arrive derrière, oscillant entre 2 et 10% des votes selon ses déclarations et l’actualité, avec près de 14M$ de volume. Quand le Nobel de littérature, lui, a plafonné à 103K$ de volume.
Ça peut s’expliquer par plusieurs raisons.
Le fort tropisme US de Polymarket, donc de ses utilisateurs ;
La proximité importante de l’écosystème crypto, notamment US, avec Trump (qui explique aussi les 182K$ de volume sur Rubio et les 533 K$ sur Musk) ;
L’incompréhension de l’actualité par une grosse partie des parieurs.
Le dernier point est d’ailleurs intéressant, parce que c’est une des raisons majeures qui font que les marchés crypto, mais également les actions qui y sont liées (Tesla, pour n’en citer qu’une), sont très volatiles.
Dans le cas du Nobel, la présentation des candidats s’est close le 31 janvier. Donc, quand Netanyahou fait croire qu’il vient de proposer Trump au Nobel, c’est juste une manière de lécher les pompes, parce que c’est neuf mois trop tard. Entre février et mars, le comité établit une short list. Et c’est seulement après que, pendant plusieurs mois, une longue étude est menée avant que cinq membres choisissent le, en l’occurrence ici, la, lauréate.
Reste donc que l’évolution des votes en fonction de l’actualité est un non-sens statistique et une mauvaise compréhension du système.
Evolution des paris dans le temps pour Zelensky sur Polymarket.
Le pic de probabilité du 18 août 2025 correspond à la rencontre avec Donald Trump. L’atterrissage à 0 correspond au moment où le Nobel est attribué : le token « Zelensky aura le Nobel de la paix 2025 » ne vaut plus rien, puisque plus personne ne parie dessus.
À l’inverse, celui sur Machado explose à 100 % lorsque le résultat est donné, après 2,2 M$ de volume.
Mais les votes des derniers jours montrent une bien étrange courbe.
Stats issues de Polymarket, retraitées pour la lisibilité
Courbe qu’on retrouve également chez le concurrent de Polymarket, Kalshi
Le prix de Machado semble avoir subitement explosé pendant que Navalnaya s’effondrait, puis l’inverse tout aussi subitement, avant le plafonnement à 100.
Le 10 octobre5 un peu après minuit6 Machado est autour de 0,036 $. Et soudainement, à 00H45, le prix s’envole et fait x10 en dix minutes.
Evolution des premiers brusques entre 00H42 et 01H00
Le prix monte jusqu’à 0,74$ à 01H55 tandis que Trump passe sous les 0,02$ et Navalnaya sous les 0,03$. Puis subitement, Machado reste autour de 0,38$ pendant encore une heure, jusqu’à 02H50, avant de passer des heures à osciller autour de 0,6-0,7$. Jusqu’à 11H01, où un ordre part à 0,83$, et à partir de 11H02, deux minutes après l’annonce officielle, le cours atteint son maximum.
Ces mouvements sont dus notamment à plusieurs utilisateurs, dont dirtycup, dont le compte Polymarket a été créé uniquement pour ce pari.
À 05H29, l’utilisateur achète pour 28,93$ de Machado, quand le token est à 0,7$. Pendant 20 minutes, jusqu’à 05H41, il en accumule 99 007,5 pour un prix identique.
Premières transactions de dirtycup
Une fois l’annonce faite, il empoche au total 99K$, soit un profit de 31K$. Posant donc la question : qui s’acharne sur des dizaines d’opérations pour parier 69K$, en pleine nuit, en Europe et aux US, sur une candidate qui n’est en rien favorite ?
Résultat de la position de dirtycup après l’annonce
Un peu avant lui, à 03H48, un autre utilisateur, madurowilllose, parie contre le Sudan’s Emergency Response Rooms à plusieurs reprises pour plus de 25K$, tout en commençant à acheter du Machado. Le tout avec un pseudo en référence à Nicolás Maduro, auquel s’oppose Machado.
Début d’activité de madurowilllose
Au débouclage, le compte qui a misé 54K$ empoche 18K$ de gain.
Mais celui qui semble lancer la tendance, c’est 6741, lui aussi créé le jour même. C’est lui qui achète les premiers Machado à 00H42.
Première transaction de 00H42
Il mise d’abord 921,83$ en achetant 19’120,5 tokens à 0,05$. Puis il va progressivement acheter tout ce qui traîne à 10, puis 20, 30, 40, 60, 65, etc., semblant montrer qu’il est tout simplement en train d’acheter tous les ordres en attente.
Transactions entre 00H50 et 1H30
Détail étonnant, 6741 achètera lui aussi contre les associations soudanaises dès le départ, pour plusieurs dizaines de milliers de dollars, et s’adonnera aussi à un trading intensif contre Trump ou MSF. Au final, il pariera près de 60K$ pour gagner près de 110K€ sur Machado, tout en perdant un peu sur ses tradings. Il finit donc à près de 50K€ de gains.
Ces trois comptes, et les quelques autres qui ont agi, se connaissent-ils ? En tout cas, ils agissent avec des patterns et des convictions identiques, les uns après les autres. Cela dit, à 06H05, le compte X Polymarket Whales7 repère les paris de 6741, mentionnant au passage leur bizarrerie.
Certes, cela a pu en inspirer d’autres. Mais si c’était vraiment le cas, pourquoi créer des comptes spécifiques pour trader uniquement sur cet événement en particulier ?
D’autant que, s’il n’est pas impossible que l’initié soit un insider du Nobel, très, très peu de gens pouvaient avoir accès à l’information : ce n’est qu’à 10H50 CEST que Kristian Berg Harpviken, tout nouveau patron de l’Institut Nobel, appelle Maria Corina Machado8 pour lui apprendre ce que visiblement beaucoup anticipaient depuis un moment. Et qui n’était une évidence pour personne.
Parce que si, chez les bookmakers traditionnels, la cote de Trump était parmi les plus élevées, pour les raisons expliquées plus tôt, on trouvait loin devant les candidats déjà cités, mais aussi des noms plus évidents pour l’UNRWA (ce qui aurait créé une sacrée controverse), la CPI (même histoire), MSF, la Croix-Rouge, ou encore des personnes physiques, du Pape à William Lai, en passant par Greta Thunberg.
Pour être tout à fait honnête, je voulais écrire un truc sur la dimension faussement neutre (alors que très politique) du Nobel de la paix, et j’avais consulté les cotes durant la semaine passée. Ni sur Unibet, ni sur Ladbrokes, ni sur leurs petits copains, le nom de Machado ne remontait. Ce qui, en réalité, est assez fréquent pour les Nobel. À l’inverse des Oscars ou du Ballon d’Or, les shortlists ne sont pas connues, et elles sont liées à une actualité tellement large qu’il est rare que les prétendants soient prédits.
Bon, cela dit, à défaut d’avoir écrit mon édito sur le sujet, je peux néanmoins confirmer que cette attribution reste hautement politique. À la fois parce que Machado, qui avait déjà reçu le prix Sakharov en 2024 (conjointement avec Edmundo González Urrutia), est l’une des rares opposantes audibles à Chávez/Maduro. Mais aussi parce que le Venezuela est actuellement au cœur d’une grave crise diplomatique avec les États-Unis et vient d’appeler à une réunion d’urgence au Conseil de sécurité de l’ONU.
Quant à l’Institut Nobel, il n’a pas officiellement réagi, mais le journal norvégien Finansavisen (l’équivalent des Échos) parle d’une enquête sur une fuite informatique9.
EDIT de dernière minute avant l’envoi : Erik Aasheim, porte-parole de l’Institut Nobel déclare dans un communiqué :
« Avant l’annonce du prix cette année, nous avons constaté que certains ont réalisé des gains financiers importants en pariant sur le prix. Nous allons enquêter pour déterminer si cela indique que quelqu’un a obtenu illégalement des informations de notre part. »
EDIT de dernière seconde avant l’envoi : Sur la chaîne norvégienne TV2, Harpviken vient de déclarer : « Il s’agit probablement d’un espionnage. »
🧾 Know Your Chaos
Ces nombreuses affaires de délits d’initié ou de manipulations de cours doivent poser clairement la question des KYC. Et, derrière elle, mettre sur la table ce débat qui va rappeler qu’il y a des convictions idéologiques irréconciliables.
Parce que non, il n’y a pas de juste milieu.
Et non, la neutralité n’existe pas.
La neutralité n’existe pas pour un journal, où chaque article a un angle, et contient les informations que le journaliste a décidé d’y mettre, et celles qu’il a décidé de ne pas y mettre.
La neutralité n’existe pas non plus pour un gouvernement, même si on lui colle des étiquettes techniques, de société civile ou encore moins militaires (et encore moins pendant une crise politique) parce qu’il doit faire des choix qui ne sont pas compatibles avec d’autres.
Certes, le clivage gauche-droite tel qu’on l’a connu n’existe plus vraiment. Non pas parce que les frontières idéologiques seraient devenues poreuses et nuancées, mais parce qu’il faudrait plutôt adopter un diagramme libertarien/conservateur sur les sujets économiques et sociaux.
Alors, on se rendrait compte que LFI et le RN sont économiquement proches et socialement opposés. Que le RN et Reconquête sont socialement proches mais économiquement opposés.
Ce n’est pas grave.
Mais cela appelle à urgemment avoir une autre grille de lecture.
Et le débat est le même sur la réglementation financière.
Il y a 2 éditions de cela, j’expliquais longuement comment la finance traditionnelle était en train, notamment en privatisant la monnaie et en financiarisant tout et n’importe quoi, de détruire l’esprit même de Bitcoin et de la blockchain.
Ce mouvement s’accompagne d’un lobby extrêmement fort de l’écosystème crypto, soutenu (et financé) en scred par plusieurs lobbies bancaires, afin de permettre sur la blockchain ce qui n’est pas (plus) permis dans la finance traditionnelle.
Mais n’oublions pas l’Histoire.
La privatisation de la monnaie a montré ses failles, graves, pendant l’ère du Wildcat Banking ;
Les KYC ont été rendus obligatoires par Nixon dans les années 70 pour freiner le blanchiment d’argent, et renforcés à chaque décennie depuis, en ajoutant la fameuse notion de -FT10 pendant les années 2010 derrière celle de LCB-11 ;
Les fonds propres et autres ratios demandés aux acteurs financiers sont arrivés après chaque crise majeure, et notamment celle des subprimes…
Dont on sait aujourd’hui que l’ultra-financiarisation, amenant l’incapacité des acteurs à comprendre les produits, est une des causes majeures.
Donc oui, la réglementation est contraignante.
Elle est parfois trop complexe et mal pensée.
Mais elle ne sort pas de nulle part.
C’est d’autant plus vrai que, systématiquement, c’est le retail qui finit par payer, que ce soit par les pertes de gérants qui seront compensées en frais tout en rémunérant leurs intermédiaires, ou en servant de liquidité aux gros poissons. Je pense d’ailleurs qu’on peut parier sans trop prendre de risque (pour une fois) que le prochain scandale de pertes, qui se compteront en dizaines de milliards, tournera autour du private equity, qu’on est en train de démocratiser dans tous les sens, mais rarement dans le bon.
Les exemples ne manquent pas.
Plus personne ne peut dire qu’il ne savait pas.
Il est grand temps d’arrêter de ouin-ouiner sur la réglementation pour ses propres intérêts, et de se rappeler que l’épargne, et plus largement la finance, doit être au service de ceux qui investissent.
C’est ça qui doit guider nos choix.
Crypto trader Konstantin Galich found dead in Lamborghini in Kyiv as market plunges, Emma Bussey, New York Post, 12 octobre 2025
Commodity Futures Trading Commission
Autorité Nationale des Jeux
L’entrée de la Bourse de New York dans Polymarket acte le retour en grâce des marchés de prédiction, Samir Touzani, Les Echos, 8 octobre 2025
Peu après minuit donc dans la nuit du 9 au 10 octobre à 00H20 du 10 octobre
Toutes les horaires sont à l’heure CEST
https://x.com/PolyWhaleWatch/status/1976499384373121488
María Corina Machado får Nobels fredspris for 2025. Nobelinstituttet skal granske mulig lekkasje, Tor Arne Andreassen, Kristoffer Rønneberg, Marthe Hagelien, Stine Barstad, Gunnar Thorenfeldt, Aften Poster, 11 octobre 2025
Nobelinstitutet misstänker att de utsatts för spionage, Linus Lindgren, Omni, 11 octobre 2025
Financement du terrorisme
Lutte contre le blanchissement














Bonjour Benjamin, j’ai lu votre article sur Laurent Villa, je suis depuis fin 2021 en procès contre lui et ses anciennes sociétés après avoir été employé à différents postes dont celui de directeur au BeefHouse de Cagnes sur Mer/ Polygone Riviera entre octobre 2019 et juillet 2021 ainsi j’ai des infos qui pourraient vous intéresser sur son cas et ses magouilles durant le covid notamment. Vous pouvez me contacter par mail à l’adresse regis.lemoine@icloud.com
Je vous écris ici sous votre post le plus récent car j’ai un vieil Iphone 6s qui ne me permet pas de vous envoyer un message privé puisqu’il faut l’appli et que ma version d’ios est trop datée et ne se met plus à jour.
Bien à vous.